Six mois après l’entrée en vigueur du décret assouplissant la réglementation des établissements et services d’accueil des enfants de moins de 6 ans, le collectif « Pas de bébés à la consigne ! » lance l’acte II de sa mobilisation pour le retrait de ce texte. Il organise, le 11 mars, une nouvelle journée nationale de manifestations pour réclamer des modes d’accueil de qualité. Même si celle-ci ne devrait pas être de la même ampleur que la première, il y a tout juste un an – à Paris, un quart des structures avaient alors fait grève (1) –, les professionnels d’une quinzaine de villes de province ont annoncé qu’ils rejoindront localement le mouvement en organisant des débats ou en distribuant des tracts. A Paris, le collectif a demandé à être reçu par Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, afin de lui remettre son plan d’urgence (2) et une manifestation sera organisée devant le ministère. « L’objectif est de montrer aux responsables gouvernementaux, aux élus, aux responsables de la caisse nationale d’allocations familiales et à l’ensemble des organismes et institutions concernés, que nous sommes toujours présents », explique Pierre Suesser, président du Syndicat national des médecins de la protection maternelle et infantile, l’un des porte-parole du collectif.
Du côté du ministère, Roselyne Bachelot s’est contentée de faire un point, lors du conseil des ministres du 9 mars, sur la mise en œuvre, à mi-parcours, du plan de développement de la garde des jeunes enfants 2009-2012 (3) : 40 300 places nouvelles d’accueil collectif ont été créées en deux ans et ce rythme devrait se maintenir en 2011, a-t-elle rappelé. « Un leurre » pour « Pas de bébés à la consigne ! », non seulement parce que ce nombre est insuffisant (4) mais aussi parce que ce sont, très souvent, des places d’accueil à temps partiel. Surtout, précise-t-il, elles correspondent à du « surbooking » puisqu’elles sont créées sans recrutement de personnel qualifié.
Or le collectif réclame, depuis sa création en mars 2009, la formation d’au moins 10 000 professionnels chaque année pendant trois ans afin de parvenir à un taux d’encadrement correct. Il rappelle que le décret donne la possibilité d’abaisser le taux d’encadrement de personnels qualifiés de 50 à 40 %, en permettant l’embauche de titulaires de CAP petite enfance et de BEP sanitaire et social (qui sera remplacé en septembre 2011 par un BAC pro) au détriment d’auxiliaires de puériculture ou d’éducateurs de jeunes enfants diplômés d’Etat. La formation est d’ailleurs au cœur du plan d’urgence du collectif, qui regrette que les conseillers de Pôle emploi orientent fréquemment par défaut vers cette filière des jeunes femmes ayant des difficultés scolaires ou au chômage.
Les professionnels sont, en tout cas, bien décidés à continuer leur action au-delà du 11 mars afin de mobiliser les responsables politiques autour du plan d’urgence et d’engager des discussions sur le décret, jugé comme « une attaque en règle contre l’avenir des bébés ».
(2) Voir ASH n° 2695 du 4-02-11, p. 31 – Plan d’urgence en faveur de l’accueil de la petite enfance disponible sur
(4) Le collectif réclame a minima 400 000 places d’accueil, alors que la ministre veut créer 100 000 places d’ici à 2012.