Le rapport de l’Académie de médecine visant à favoriser l’adoption d’enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance (1) continue de susciter des réactions. Après la CNAPE (Convention nationale des associations de protection de l’enfant) (2), les professionnels réunis dans la nouvelle Association nationale des cadres de l’aide sociale à l’enfance (Anacase) (voir ci-contre) critiquent ses propositions. Leur principal grief : le document ne se pose à aucun moment « la question du motif du désintérêt parental » à l’égard des enfants placés. Le relâchement des liens peut découler des difficultés des parents – sociales, économiques notamment – mais aussi, comme l’a déjà souligné ATD quart monde, de la situation de placement. Comment, en effet, les parents peuvent-ils faire face « à une multitude de déplacements en transport en commun dans un département pour aller en “visites médiatisées” », quand ils sont en situation précaire ou quand on leur « enjoint de rechercher un logement décent et/ou du travail ? » Comment peuvent-ils honorer ces visites lorsqu’ils viennent de décrocher un emploi, ou encore « remonter la pente quand les professionnels ne peuvent consacrer que cinq heures par mois à un suivi » ?
Les parents ne sont, en outre, pas toujours suffisamment accompagnés dans la résolution de leurs difficultés. Certaines prises en charge se heurtent à la crise du secteur public de la psychiatrie. Et l’application de la loi du 5 mars 2007 sur la protection de l’enfance bute sur une question de moyens. « Réglons d’abord ces questions avant de chercher un vivier d’enfants adoptables parmi les enfants confiés à l’ASE, même s’il ne faut pas nier que, dans certains cas, des enfants auraient pu être adoptables plus tôt ou changer de statut juridique plus rapidement », estime l’association. La complexité de la procédure, jugée trop longue par l’Académie de médecine, instaure « des garde-fous autant pour les futurs parents adoptifs que pour l’enfant ». Quant à la proposition de créer un réseau de familles d’accueil bénévoles, « c’est faire preuve d’une totale méconnaissance de la professionnalisation de ce métier, de ses exigences quotidiennes, et le confondre avec du parrainage ! ».
La recherche de l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer, le droit de l’enfant ne devant pas s’effacer devant « le droit à l’enfant », estime l’Anacase.