Dans sa deuxième étude sur l’impact social de la crise et des politiques de relance en Europe, publiée le 23 février (1), le Réseau européen anti-pauvreté (EAPN) conclut à une augmentation des besoins sociaux, conjuguée avec une réduction des prestations sociales et un affaiblissement du monde associatif. L’étude est fondée sur les contributions de 17 associations membres d’EAPN et de six organisations européennes.
Selon les réponses, la crise a particulièrement touché les personnes déjà en situation de pauvreté, les jeunes, les personnes peu éduquées, les migrants et les minorités ethniques. L’augmentation du chômage, celle du surendettement et des problèmes psychologiques sont autant d’effets qui ont été observés depuis 2008. Mais le réseau nuance cette observation : ces phénomènes ne doivent pas seulement être imputés à la récession. Les Etats membres ont été touchés de manière inégale, avec des effets particulièrement dévastateurs pour les pays ayant déjà commencé à déconstruire l’Etat providence et des conséquences moindres pour les autres, notamment les pays nordiques et la Pologne.
EAPN s’inquiète donc de voir les gouvernements continuer sur la voie de l’austérité et couper dans les prestations et les services sociaux pour venir à bout de leur déficit public. Ses membres tchèques, danois, allemands, hongrois, irlandais, norvégiens, roumains, espagnols et britanniques signalent en effet des réductions des prestations sociales. L’organisation s’inquiète particulièrement du manque d’évaluation des coûts entraînés à long terme par de telles politiques. Et ce, d’autant plus que la crise a affaibli le monde associatif. Douze organisations sur 23 mettent en effet en évidence une réduction de leur financement public actuel ou futur tandis que neuf soulèvent des difficultés accrues pour obtenir de nouveaux financements publics et huit parlent d’une diminution des dons.
Le réseau plaide donc pour une autre voie, plus juste, basée sur la réduction graduelle des déficits via l’augmentation des revenus, grâce à un système fiscal plus équitable, et la préservation des priorités sociales. Il appelle l’Union européenne à fonder son action sur une vision sociale ambitieuse et durable et à restaurer les valeurs au cœur du projet européen.
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