Le chef de l’Etat l’a annoncé lui-même le 27 février à la télévision. Secrétaire général de l’Elysée depuis l’élection à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy, dont il est l’un des plus proches conseillers, l’ancien préfet Claude Guéant a été promu au poste de ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration en remplacement de Brice Hortefeux, qui quitte le gouvernement (1). Une réorganisation – la quatrième en moins de un an – qui permet à l’exécutif d’éviter le problème que n’aurait pas manqué de poser une éventuelle confirmation des ennuis judiciaires de ce dernier (2). Egalement ancien patron de la police nationale, Claude Guéant investit une Place Beauvau qu’il connaît bien pour y avoir occupé tous les postes de responsabilité et notamment celui de directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy lorsque lui-même était en charge de ce ministère.
Signalons également que Michèle Alliot-Marie, critiquée depuis des semaines notamment sur les conditions de ses vacances de Noël en Tunisie, a été remplacée par Alain Juppé au poste de ministre des Affaires étrangères (3).
Officiellement, le président de la République a justifié ce nouveau remaniement par la « dimension » des bouleversements survenus dans le monde arabe. Assurant que, avec l’ancien Premier ministre au Quai d’Orsay et Claude Guéant à l’Intérieur, « les fonctions régaliennes de l’Etat se trouveront préparées à affronter les événements à venir dont nul ne peut prévoir le déroulement ». Sur fond de progression du Front national à 14 mois de l’élection présidentielle et à l’heure où l’UMP s’apprête à lancer un débat déjà controversé sur la place de l’islam en France, Nicolas Sarkozy a notamment évoqué le risque que les révolutions arabes débouchent sur « la violence » ou des « dictatures pires encore que les précédentes » pouvant entraîner « des flux migratoires […] incontrôlables ». Il a déclaré, à cet égard, que la France avait demandé une réunion du Conseil européen pour l’adoption d’une stratégie commune de l’Union européenne face à la crise libyenne et à ses conséquences.
S’exprimant sur le même thème le 28 février sur RTL, le Premier ministre a, de son côté, affirmé que la France ferait « preuve d’une très grande fermeté à l’égard de l’immigration illégale ». « Nous devons avoir une réponse collective, une réponse européenne sur ce sujet, d’abord pour faire en sorte qu’il y ait moins de flux migratoires possibles, et ensuite pour accueillir les personnes qu’il faudra accueillir », a ajouté François Fillon.
(1) L’ex-ministre de l’Intérieur occupera un rôle de « conseiller politique » auprès du chef de l’Etat, dans l’optique des prochaines « échéances politiques », a précisé François Fillon le 28 février au micro de RTL, en référence à la présidentielle de 2012.
(2) Brice Hortefeux a été, le 17 décembre dernier, condamné, en première instance, pour atteinte à la présomption d’innocence d’un ex-conseiller ministériel, six mois après l’avoir été pour des propos « outrageants » envers la communauté arabe. Ces deux affaires doivent être jugées prochainement en appel.
(3) Il est lui-même remplacé au poste de ministre de la Défense et des Anciens combattants par Gérard Longuet, jusqu’alors président du groupe UMP au Sénat.