Autour d’un mot, « Exclusions », inscrit au pochoir en lettres capitales rouges sur le mur blanc : 28 tableaux et 6 photos. Les formes artistiques varient : du figuratif, avec cette petite fille adossée à la porte de bois d’un hangar, les mains qui épousent la forme de son visage blanc et triste ; et de l’abstrait, où les traits épais de gouache deviennent des barreaux de prison. L’exposition a été conçue par l’association Weekend’Artistes, qui rassemble 73 peintres, sculpteurs, photographes ou stylistes. On regarde les œuvres, cette belle tête de femme africaine enturbannée, estampillée d’un « Non conforme », ou cet empilage de caisses et de cartons, où s’entassent des gens. L’artiste Monique Deleau a fait courir un texte autour de sa peinture : « Toute personne aussi bien seule qu’en collectivité a droit à la propriété. » Article 17 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. L’idée de ce travail collectif est née, en décembre 2009, de la rencontre avec le DAL, la Fondation Abbé-Pierre et Soleil 59-62, des associations engagées aux côtés des personnes mal logées ou à la rue. Il y a un an, elles ont invité Weekend’Artistes à exposer lors d’un festival qu’elles organisaient à Lille. Le président de Weekend’Artistes, Jean-Marc Fiey, dit Jihem, explique : « Nous ne souhaitons pas exposer pour exposer, nous préférons avoir un but et défendre des valeurs de solidarité. » A l’entrée de l’exposition, on s’arrête face à un homme photographié. « Il vivait dans le fond d’une maison abandonnée, dans un abri de jardin. Il a accepté qu’on le photographie. On sentait que c’était quelqu’un au bout du rouleau, mais qui restait très digne. Quand nous sommes retournés le voir pour lui montrer les photos, nous avons appris qu’il était mort de froid. » Le cliché est devenu un symbole pour les créateurs. Weekend’Artistes continue sa réflexion et prépare une nouvelle exposition, toujours sur le thème de l’exclusion.
Exclusions – A voir sur