Au lendemain de la conférence salariale des établissements et services sociaux et médico-sociaux privés à but non-lucratifs du 3 février (1), la Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées (Fegapei) demande au gouvernement « une négociation globale » pour améliorer la prise en charge des personnes vulnérables, âgées et handicapées. Lors de la conférence salariale, les pouvoirs publics se sont limités à une approche exclusivement comptable du secteur, regrette la Fegapei. A l’instar des syndicats de salariés la semaine dernière, elle confirme que le taux d’évolution de la masse salariale (1 %) annoncé le 3 février, est « médiocre » et « ne donne aucune marge de manœuvre aux structures pour améliorer le pouvoir d’achat des professionnels ». « Nous sommes entrés dans une crise profonde et durable », explique Philippe Calmette, directeur général de la Fegapei, et les associations n’ont d’autre choix que « de jouer sur la variable “emploi” » pour s’en sortir. Les conséquences de cette situation (baisse d’attractivité des métiers du secteur, baisse des effectifs, nombre croissant de « faisant fonction »…) ne permettent pas de mener un dialogue social de qualité, à l’heure où les conventions collectives ont besoin d’être rénovées, poursuit-il. Malgré ce contexte budgétaire morose, « le secteur peut progresser », assure néanmoins Philippe Calmette, à condition de dépasser l’approche uniquement fondée sur une maîtrise comptable. La fédération demande au gouvernement d’apporter une réponse globale en agissant sur des leviers qu’elle a identifiés.
Elle réclame en premier lieu une réforme de la tarification plus équitable. Aujourd’hui, les niveaux de ressources sont très différents d’un établissement à l’autre, déplore Philippe Calmette. Ce dernier avait d’ailleurs déjà formulé cette demande en réclamant l’organisation d’états généraux de la tarification du secteur médico-social en février 2009 (2). La Fegapei propose ensuite de généraliser des solutions innovantes qui restent pour le moment au stade de l’expérimentation. Il s’agit, par exemple, de développer la construction de réseaux sanitaires et médico-sociaux. La coopération des secteurs permettraient, selon elle, d’offrir un accompagnement plus adapté aux personnes handicapées tout en faisant des économies. Mais cela suppose de redéployer les crédits du sanitaire vers le secteur médico-social, précise Philippe Calmette. Et de citer en exemple l’Adapei (Association départementale des amis et parents de personnes handicapées mentales) du Var qui a conçu, en partenariat avec le centre hospitalier Henri-Guérin de Pierrefeu, un projet de création d’une maison d’accueil spécialisée.
La Fegapei souhaite aussi développer les partenariats avec l’Education nationale et construire des dispositifs d’« école intégrée » qui mettent en réseau les établissements scolaires et les associations. En matière d’emploi, il est nécessaire de faciliter l’accès des personnes handicapées au milieu ordinaire car « seulement 1 à 2 % des personnes handicapées en établissements spécialisés d’aide par le travail sortent vers le milieu ordinaire, c’est trop peu ! ». Dernier point, elle demande de revoir le système de formation des professionnels de façon à ce qu’ils soient mieux armés pour mettre en œuvre les plans personnalisés des bénéficiaires.