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« MAIA : L’OCCASION DE S’INTERROGER SUR LE DÉCLOISONNEMENT DES SERVICES »

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Alors que 40 nouvelles MAIA (maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer) devraient voir le jour en 2011, Olivier Dupont, gériatre et chef de projet à la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, revient sur les enseignements de la première phase d’expérimentation du dispositif.

Où en est-on de la création des MAIA ?

Après 18 mois de fonctionnement, 15 sites expérimentaux ont été validés sur les 17 – sélectionnés sur 113 – qui ont débuté en février 2009. Ils poursuivront l’expérimentation cette année et intégreront le droit commun en 2012. Nous venons de franchir une étape avec le lancement de l’appel à candidatures pour créer 40 futures MAIA (1).

Cette première phase vous a permis de définir plus précisément ce qu’est une MAIA…

Oui. Le dispositif MAIA consiste, non pas à créer un nouveau service, mais à construire, à partir d’une structure existante, avec les partenaires institutionnels et les professionnels d’un territoire, de nouveaux modes de travail partenarial. L’objectif est de mettre fin aux difficultés des familles des malades Alzheimer face à la multiplicité des acteurs et d’améliorer le parcours des personnes par la création d’« un guichet intégré » – l’expression est plus appropriée que guichet unique. Alors que l’appel à projets 2008 lancé par la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie n’avait pas fixé de modèle, cette première phase a permis de tester l’intégration des services sociaux, médico-sociaux et sanitaires à travers 17 partenaires implantés dans des territoires hétérogènes. Selon les sites, le porteur du projet est le conseil général, une association, la maison départementale des personnes handicapées, un groupement de coopération sociale et médico-sociale, un centre local d’information et de coordination ou un réseau de santé. Les MAIA couvrent des territoires ruraux, semi-urbains ou très urbains dont la taille va de un à 67 cantons.

Comment fonctionne une MAIA ?

Concrètement, une personne physique – le pilote de la MAIA – organise deux « tables de concertation ». La première rassemble les décideurs et assure la montée en charge globale du dispositif. La seconde regroupe les ressources locales (directeurs d’établissements, professionnels, hôpitaux…) et a pour mission d’améliorer la lisibilité du système de soins et d’aide. L’objectif : que les professionnels connaissent les ressources du territoire. Cela permet de détecter les doublons dans les pratiques des uns et des autres, d’éviter notamment que la situation des malades soient évaluée plusieurs fois. Au-delà de la coordination, la MAIA vise « l’intégration » des services, c’est à-dire une coopération qui engage les acteurs de façon co-responsable.

Avez-vous des retours des familles et des malades ?

Nous avons des retours très positifs des associations d’usagers et notamment de l’action du « gestionnaire de cas » par les familles. C’est un professionnel qui suit de manière intensive les personnes « en situation complexe », c’est-à-dire atteintes de troubles cognitifs ou en situation de lourde perte d’autonomie fonctionnelle. Elles représentent 5 à 6 % des malades Alzheimer et apparentés. Son action a un retentissement très positif sur la qualité de vie du couple aidant-aidé. Les médecins généralistes sont aussi très satisfaits des échanges avec ce nouveau professionnel. Mais c’est un travail intensif, le gestionnaire de cas ne peut suivre plus de 40 personnes à la fois.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Quel que soit le porteur, les MAIA ont avancé de la même manière, le processus est donc reproductible. En revanche, selon le secteur d’origine du porteur (social ou sanitaire), les difficultés sont différentes. Les conseils généraux ont du mal à arrimer le secteur sanitaire (ARS, hôpital, médecins généralistes) au dispositif. A l’inverse, lorsque c’est un réseau de santé qui porte le projet, l’enjeu est de ne pas oublier le secteur social. Les difficultés diffèrent aussi selon le territoire : dans les grandes villes, la multiplicité des acteurs rend délicat le décloisonnement. Dans le monde rural, le frein tient au manque de ressources pour créer de la proximité. Pour que ça marche, le dispositif doit être en cohérence avec le territoire qu’il couvre. A l’heure où les agences régionales de santé s’implantent, le processus MAIA leur donne l’occasion de s’interroger sur le décloisonnement des services sur le terrain.

Notes

(1) Voir ASH n° 2695 du 4-02-11, p. 16. A terme en 2014, la CNSA prévoit de 400 à 600 MAIA sur toute la France – Voir ASH n° 2629 du 23-10-09, p. 34.

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