Entre 2008 et 2010, le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans est passé de 17,7 % à 24,2 % relève le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) dans un rapport sur l’emploi des jeunes qu’il a adopté le 10 février et dans lequel il préconise un certain nombre de pistes de travail (1). Avec ce rapport, le COE indique vouloir « apporter sa contribution au débat public, sans se substituer aux partenaires sociaux ou au gouvernement » qui ont entamé, début février, des négociations sur ce point.
« La crise a impacté plus fortement les jeunes », reconnaît le COE, qui constate notamment qu’« un nombre très élevé de jeunes sont en chômage de longue durée ». Des mesures conjoncturelles doivent donc, selon lui, être prises en faveur de ce public. Le conseil propose ainsi de maintenir les efforts sur les contrats aidés en entreprise et les contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE)-passerelles. « Pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, une formation qualifiante devrait être systématiquement envisagée. » Le COE souligne également que « la stabilité des dispositifs comme de leur financement est une condition importante de leur réussite, notamment parce qu’elle permet aux acteurs de les maîtriser et de les améliorer, ainsi qu’aux bénéficiaires de se les approprier ».
Mais les difficultés rencontrées par les jeunes ne sont pas uniquement d’ordre conjoncturel, estime le COE qui propose plusieurs axes de réflexion pour favoriser, à long terme, l’emploi des jeunes. Tout d’abord, il constate que ces derniers sont surreprésentés dans les contrats précaires. L’alternance entre des périodes d’emploi plus ou moins courtes et des périodes de chômage plus ou moins longues les rend encore plus fragiles à l’égard des évolutions conjoncturelles de l’emploi. Il note également, sans surprise, que le niveau de formation initiale exerce une influence déterminante sur l’insertion professionnelle des jeunes et évoque l’inadaptation de la formation initiale et de l’orientation scolaire aux besoins du marché de l’emploi pour expliquer, en partie, le chômage des jeunes. Afin de « réduire le nombre de sorties sans qualification du système scolaire » et de « tenir compte des perspectives inégales de débouchés des formations », le COE demande que les propositions qu’il formule dans son rapport sur l’orientation scolaire et professionnelle du 20 janvier 2009 soient toutes mises en œuvre rapidement.
D’autre part, le conseil rappelle que les formations en alternance facilitent l’insertion des jeunes sur le marché du travail. Et propose donc de développer des modules d’enseignement en alternance dans la dernière année de chaque formation d’enseignement supérieur, afin d’améliorer la connaissance du milieu professionnel par les étudiants. Il demande également qu’une partie des CAE-passerelles comprenne une formation qualifiante en alternance, et rappelle l’intérêt du contrat de professionnalisation qu’il juge « particulièrement adapté à certains jeunes qui ont connu des problèmes d’insertion dans l’emploi et ne souhaitent pas retourner en formation dans un cadre scolaire ». Enfin, il estime que l’apprentissage dans les fonctions publiques est indispensable.
D’autres facteurs peuvent, à son sens, influer négativement sur l’emploi des jeunes, notamment les discriminations à l’embauche « qui peuvent être cumulatives », ou encore les difficultés d’ordre matériel (logement, transport, etc.) qui peuvent constituer de « véritables obstacles à l’accès à l’emploi ».
Enfin, le COE estime que le dispositif d’insertion professionnelle des jeunes est trop complexe, et suggère une simplification de sa gouvernance qui passe, selon lui, notamment par une clarification de la répartition des compétences.
(1) Diagnostic sur l’emploi des jeunes – Conseil d’orientation pour l’emploi – Disponible sur