Chute de l’estime de soi, sentiment de honte, problèmes matériels, voire surendettement… la perte d’emploi peut enclencher une dérive dépressive et mortifère. D’où l’idée de Michel Debout, professeur de médecine légale et de droit de la santé, psychiatre, et président de l’association France Prévention Suicide, de lancer, à l’occasion de la XVe journée nationale de prévention du suicide, le 5 février, un manifeste avec cinq propositions « pour la santé et le bien-être des chômeurs et sans-emploi » (1). Michel Debout, qui intervenait ce jour-là sur le thème « Suicide et crise économique », s’intéresse à cette problématique depuis de nombreuses années.
Son manifeste est « une étape plus déterminée » d’un combat qu’il mène contre l’isolement social des demandeurs d’emploi. Il appelle notamment à assurer à tout chômeur, pendant les deux années qui suivent la perte d’emploi, un suivi médical comparable à celui réalisé par la médecine du travail pour les salariés en activité, mais aussi à « considérer l’impact humain des restructurations ». Jusqu’ici, note-t-il, on s’occupe, au mieux, de l’aide à la recherche d’emploi mais très rarement de la santé des salariés concernés – ceux qui restent dans l’entreprise et ceux qui doivent la quitter.
Le manifeste propose, en outre, de créer en France un observatoire du suicide, des conduites suicidaires et des situations de détresse psychologique et relationnelle, ce qui permettrait de « mieux connaître les publics les plus exposés et de mettre en œuvre des programmes de prévention ». « Changer le regard de la société vis-à-vis des chômeurs et des chômeurs vis-à-vis de leur propre situation » est la quatrième proposition du manifeste, qui souligne que le demandeur d’emploi reste un « acteur économique et social à part entière attaché à l’amélioration de ses compétences professionnelles et préparant son avenir » et qu’il ne peut donc être réduit à « un “quémandeur” d’emploi ».
Enfin, pour les aider à sortir de leur isolement, « une campagne nationale de solidarité avec les chômeurs doit être engagée au plus tôt ». Le manifeste sera communiqué à tous les acteurs publics et ministres concernés. Reste à savoir si ses suggestions seront reprises dans le programme national d’action face au suicide qui sera prochainement rendu public par le gouvernement (voir ce numéro, page 7).
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