« Ce sera 0 % pour les salaires en 2011 ! », s’insurge la Fédération nationale de l’action sociale-FO. La direction générale de la cohésion sociale a confirmé « qu’il faut optimiser les dépenses publiques », mais que ces enveloppes limitatives « ne doivent pas bloquer les politiques conventionnelles et l’amélioration des conditions de travail ! », ironisent-elles. « En limitant l’évolution de la masse salariale à 1 %, y compris le GVT (glissement vieillesse technicité) et l’effet report de l’année précédente, les pouvoirs publics annoncent, de fait, un gel des salaires pour 2011 », s’offusque également la Fédération française de la santé, de la médecine et de l’action sociale de la CFE-CGC. Depuis dix ans, les évolutions étaient déjà insuffisantes (1,20 % l’année dernière), « en 2011, ce sera pire ! ».
Ces réactions sont à la hauteur de la déception unanime qu’a provoquée l’annonce par l’administration, le 3 février, lors de la conférence salariale des établissements et services sociaux et médico-sociaux privés à but non lucratif, du taux de revalorisation des dépenses de personnels de 1 % pour 2011 (voir ce numéro, page 22). Dans une déclaration liminaire commune, cinq fédérations syndicales de salariés (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT et UNSA) ont réclamé « que soit mis un terme à la paupérisation du secteur ». Sur les 12 dernières années, ont-elles fait valoir, « les augmentations générales de salaire, concrétisées par la hausse de la valeur du point le plus souvent, ont atteint en moyenne 9 % », alors que l’indice des prix à la consommation a augmenté de 22,08 %. Dans ces conditions, elles ont souligné que « le salaire de base des salariés du secteur subit une perte de pouvoir d’achat de 13 %, quand celui de l’ensemble des salariés français engrange un gain de pouvoir d’achat de 10 % ». D’où un retard de 23 % pour le secteur. Dénonçant les propositions de révision des conventions collectives par les employeurs, qui visent, selon elles, « à faire toujours plus avec moins de moyens » et la position des financeurs, selon lesquels « il conviendrait de mieux utiliser les moyens et de mieux organiser l’activité », elles réclament « une véritable négociation sur les actions et les moyens alloués pour répondre aux politiques publiques ». Celle-ci doit permettre d’atteindre les objectifs de cohésion sociale, arguent-elles, et non d’« accepter une logique de marchandisation ne répondant nullement au souci d’égalité d’accès aux services et au bien-être des populations et des salariés ».
Quant à FO, elle a, de son côté, en début de séance, rappelé que le manque de moyens provoque « la dégradation des conditions de travail, l’absence de remplacements, la déqualification des postes avec le retour des faisant fonction, le transfert des tâches, des restructurations, des suppressions de postes et des fermetures d’établissements et de services ». Et réaffirmé ses revendications, dont l’augmentation des salaires, le retrait des projets de révision des employeurs (dans les conventions collectives du 15 mars 1966 et du 31 octobre 1951) et le non-agrément de la convention collective unique de l’aide à domicile.