Sourires contre l’exclusion

« On n’imagine pas comme il est plus difficile de se soigner en situation de précarité », témoigne Jean-Michel, 45 ans. Lorsqu’il débarque de la République démocratique du Congo en France, il tombe malade. Il (sur)vit en squat, jusqu’à ce que le Groupe SOS le fasse bénéficier d’un appartement de coordination thérapeutique. Grâce aux médecins, aux psychiatres, aux kinésithérapeutes, son état de santé se stabilise. Sur la photographie, assis dans son salon, il feuillette sereinement un livre d’art… Son portrait fait partie d’une série de 25clichés que l’on découvre au fil des pages de Personne n’est au bout de son histoire. Ils représentent vingt-cinq ans de lutte contre toutes les formes d’exclusion. Le Groupe SOS, qui rassemble 180établissements d’accueil, de soins, d’hébergement, d’insertion, d’éducation et de formation professionnelle, a fait appel à Reza, photographe renommé, pour immortaliser des personnes qui, notamment grâce à l’accompagnement social, ont retrouvé une place dans la société. Toutes sourient sur les clichés car Reza a choisi de nous montrer les réussites plutôt que la détresse. Face à chaque portrait, le témoignage du modèle aide à comprendre son parcours. Parmi eux, on retiendra les yeux fermés de Brandy, cachés sous sa longue chevelure. Transgenre et atteinte du VIH-sida, elle a quitté voilà dix ans la Colombie pour se soigner en France car, là-bas, elle n’avait pas accès à la trithérapie. Depuis quelques années, Brandy est prise en charge par l’Association de recherche, de communication et d’action pour l’accès aux traitements (ARCAT), qui lui a proposé une aide juridique, un soutien psychologique et l’a aidée à trouver un logement. Certes, elle reste malade mais peut envisager de faire des projets… Mansour et sa famille, habillés sur leur trente-et-un, posent devant une fontaine. Eux ont fui les persécutions au Bangladesh et ont été hébergés dans un centre d’accueil dédié aux demandeurs d’asile en France… Ils viennent d’obtenir leur titre de séjour.