Les cubes sont posés dans un désordre apparent sur un terrain en pente, au milieu des arbres. Une incongruité, dans le paysage francilien. Il faut dire que La Nérac, dans l’Essonne, est un « village urbain », du « logement individuel dense ». Le principe : 200 habitants à l’hectare, mais en maisons individuelles. La Nérac fait partie des expérimentations menées à la fin des années 1960 par des architectes critiques des grands ensembles bâtis précédemment. La terrasse-jardin y est conçue comme une pièce à ciel ouvert, la végétation matérialisant le passage entre l’extérieur et l’intérieur. Car c’est « le lien entre l’espace intime et la ville, entre l’habitant et l’architecte », qu’entend rétablir l’exposition « Vu de l’intérieur ». Organisé par des architectes, l’événement revient sur l’évolution du logement collectif de 1945 à 2010. Cinq longues tables déclinent les décennies, en photos et commentaires : vues de l’extérieur, plans, clichés d’intérieur.
Comment le vivre-ensemble a-t-il évolué avec les architectures ? A vouloir retracer 65ans de logements collectifs, leurs bâtis, leurs aménagements, l’évolution de la fonction et de la répartition des pièces, l’exposition donne parfois plus le sentiment d’accumuler que de donner à comprendre.
Certaines expériences architecturales restent néanmoins emblématiques. Telles les tours-nuages de Nanterre (voir photo), avec leurs arrondis, leurs plis, leurs fenêtres-yeux pour rompre la monotonie des angles. Ou, plus récente, la cité Prost : immeuble Rubik’s Cube à la façade presque entièrement vitrée et aux larges balcons qui permettent aux habitants de vivre aussi à l’extérieur. Du logement social de luxe.
« Vu de l’intérieur, habiter un immeuble en Ile-de-France de 1945 à 2010 » – Maison de l’architecture – 148, rue du Faubourg-Saint-Martin, 75010 Paris – Jusqu’au 23 février – Entrée libre –