PARENTS PRIVÉS DE DIGNITÉ. Les données concernant les familles d’enfants placés font apparaître que ces dernières appartiennent essentiellement aux couches les plus défavorisées de la société, souligne Régis Sécher, responsable du secteur formation continue à l’Association régionale des instituts de formation en travail social-Pays de la Loire. Objet de cet ouvrage, la recherche approfondie qu’il a lui-même réalisée entre 2005 et 2007 auprès de 32 parents – 21 mères et 11 pères ayant la garde de leurs enfants placés – confirme ce lien entre précarité et protection de l’enfance : la grande majorité des parents que Régis Sécher a rencontrés connaissent d’importantes difficultés financières. C’est à ces « sans-voix » que l’auteur prête ici la sienne, répercutant la façon dont les intéressés vivent une mesure d’assistance éducative qui, dans près de 80 ?% des cas, leur a été judiciairement imposée. L’appréciation concernant le bien-fondé du placement est le critère le plus discriminant pour distinguer l’état d’esprit dans lequel se trouvent les parents. De la révolte face à une décision considérée comme injuste à la justification du caractère nécessaire de celle-ci, en passant par l’acceptation résignée de ce « énième » événement non désiré de parcours de vie chaotiques, les opinions exprimées sont relativement diversifiées. Mais il est un trait commun à tous les parents : la grande souffrance qu’ils ont de vivre séparés de leur(s) enfant(s), même quand ce sont eux qui ont initié le placement. « Cette souffrance découle avant tout du sentiment de n’être pas reconnu digne d’éduquer son enfant », estime Régis Sécher.
Reconnaissance sociale et dignité des parents d’enfants placés. Parentalité, précarité et protection de l’enfance – Régis Sécher – Ed. L’Harmattan – 21 €