Recevoir la newsletter

Centres d’injection : Act Up rejette les arguments de l’Académie de médecine

Article réservé aux abonnés

Opposé à l’expérimentation des salles de consommation de drogues en France, le Premier ministre se voit conforté par l’avis négatif que l’Académie de médecine vient de rendre à l’encontre de ces structures. Sur le plan des principes, elle estime « qu’une démarche médicale ne peut consister à favoriser l’administration de la drogue qui a généré l’addiction ». Il est impensable, selon elle, de demander à des médecins de « superviser ou même de se livrer à de telles intoxications médicalement assistées ». Elle estime en outre que la création de ces espaces modifierait « l’image répulsive » des drogues, en les faisant sortir « du statut illicite où elles sont actuellement ».

Enfin, l’Académie juge que les moyens importants que mobiliserait cette initiative seraient plus utiles à la prévention et à l’aide au sevrage.

Ce veto clair et net de l’Académie a aussitôt fait réagir Act Up, qui rappelle que le rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a montré que les salles ne créent pas de nouveaux consommateurs et n’augmentent pas la consommation chez les usagers (1). Pour elle, l’Académie confond la prévention (notamment envers les jeunes) et la politique de réduction des risques envers les usagers actifs et elle l’accuse de vouloir « se servir des usagers en grande précarité » pour que « leur détresse et leur déchéance sur la place publique soit un “répulsif” » pour les jeunes. Elle se dit indignée par la référence que fait l’Académie à l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), qui a engagé les gouvernements concernés à fermer les salles existantes. « Depuis quand des médecins fondent-ils leur avis sur ce que dit une structure policière ? »

De son côté, Etienne Apaire, président de la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie), s’est félicité de cet avis qui va à l’encontre de l’ensemble des associations, des experts et de certains élus, qui, invoquant, eux, un certain pragmatisme, avaient souligné l’intérêt des centres d’injection (2). Etienne Apaire comptait bien d’ailleurs utiliser les arguments de l’Académie lors de son passage, le 19 janvier, devant la mission parlementaire sur les toxicomanies.

Notes

(1) L’Inserm a émis une recommandation favorable à la mise en place expérimentale de centres de consommation supervisés avec avoir étudié les dispositions de réduction des risques dans différents pays chez les usagers de drogue – Voir ASH n° 2670 du 20-08-10, p 32 – Pour le sociologue Fabrice Fernandez, « les centres d’injection n’encouragent pas la toxicomanie » – Voir ASH n° 2671 du 27-08-10, p. 46.

(2) Voir ASH n° 2671 du 27-08-10, p. 32.

Sur le terrain

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur