Fondé à Toulouse en 1942 par l’abbé Jean Plaquevent, l’Institut pédotechnique Saint-Simon a été la première « école de cadres » ouverte en France pour la formation de personnels éducatifs qualifiés – il s’agissait alors de « rééducateurs » et de « moniteurs de rééducation », l’appellation d’« éducateur spécialisé » n’étant apparue qu’en 1946. En 1943, l’Institut se complète d’un « centre d’accueil, d’observation et de triage » régional d’enfants abandonnés, déficients, délinquants ou en danger moral, catégories bientôt regroupées sous celle de « jeunes inadaptés ». Cet internat recevait quasi exclusivement des garçons et servait de terrain d’application aux élèves éducateurs qui vivaient également sur place. C’est un quart de siècle de la vie de cette institution qui est relaté ici par une vingtaine d’auteurs, membres de l’association du personnel Echo Saint-Simon, sous la houlette d’un autre ancien : Maurice Capul, qui a appris son métier d’éducateur spécialisé à Saint-Simon, puis a assumé, entre 1971 et 1978, la direction de ce centre de formation. Mémoire d’un établissement, donc, et de ses deux organismes phares à l’époque où ils étaient dirigés par André Chaurand, médecin psychiatre venu en 1947 de l’hôpital de Saint-Alban (Lozère) – haut lieu de la Résistance et de ce qui se nommera plus tard la psychothérapie institutionnelle –, ce copieux ouvrage a vocation à intéresser largement au-delà du cercle des aficionados toulousains. En effet, l’étude monographique de ce monument du paysage rééducatif hexagonal s’ouvre sur une triple histoire avec laquelle Saint-Simon a partie liée : l’histoire de la constitution du secteur de l’enfance inadaptée et celle de la professionnalisation des éducateurs spécialisés, c’est-à-dire aussi une histoire de l’évolution des idées en matière de prise en charge des enfants en difficulté.
L’invention de l’enfance inadaptée. L’exemple de Toulouse Saint-Simon (1950-1975) – Ouvrage collectif dirigé par Maurice Capul – Ed.érès – 32 €