Fracture sociale à l’étouffée

Cuisiner est un médium de plaisir, de transmission, de lien social. Faisant sienne cette idée, Isabelle Blaze, directrice de la jeune Agence associative de communication, création et services solidaires (Aaccess), est partie à la rencontre de professionnels qui encadrent des ateliers cuisine dans les centres sociaux et des cours de français langue étrangère (FLE). Elle leur a demandé d’être mise en relation avec des personnes de toute origine souhaitant faire découvrir une recette de leur choix. Pas de sélection, les plats présentés dans le livre Mix n’ont qu’un point commun : l’envie de partager. « Beaucoup d’habitants de Toulouse et ses environs se sont manifestés, et je crois que nous avons atteint notre objectif : casser l’image de la fracture sociale, modifier le regard sur l’autre au travers de la cuisine », assure Isabelle Blaze. Les « chefs » amateurs – Jules, Célia, Yoko et les autres – ont ouvert leurs portes et préparé leurs recettes sous le regard de l’auteure et l’objectif du photographe. Ce moment de convivialité est retranscrit tel quel dans l’ouvrage. Par le biais de l’invitation à partager sa table, c’est le portrait d’une personne, de sa famille, de ses amis et de leurs traditions qui est proposé. Sans oublier un voyage à travers les plats : salade d’épinards à la sauce sésame pour Yoko (Japon), kabab antillais pour Jean-Pierre, lasagnes aux aubergines pour Thabata (Brésil), roulé au pavot pour Brankica (Bosnie-Herzégovine)…

Ce n’est pas non plus un livre de recettes classique que publie l’Association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES). Le Manuel de cuisine populaire s’ouvre sur deux chiffres clés : la France compte 7,9 millions de pauvres, dont 3 millions dépendent, exclusivement ou en partie, de l’aide alimentaire pour manger. Pour que cette frange de la population ne soit pas condamnée à se nourrir de colis, de conserves et de soupes populaires, le manuel propose des recettes saines et peu onéreuses – à partir de ce qu’on trouve en désordre dans les placards de toutes les cuisines. Il redonne le goût d’accommoder les restes et de vivre avec les produits de saison. Soupes, tartes, gâteaux, cuisine au pot ou rôti, voici un canevas à partir duquel chacun pourra broder…