Créer des services d’accompagnement sexuel pour les personnes handicapées comme il en existe dans des pays du Nord de l’Europe, aux Etats-Unis et en Israël (1), tel est l’objectif de l’association Ch(s)ose (2), née le 5 janvier dernier à l’initiative du Collectif handicaps et sexualités (CHS), qui rassemble, depuis mars 2008 (3), l’Association française contre les myopathies, l’Association des paralysés de France (APF), la Coordination handicap autonomie, le Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques et Handicap international.
Selon cette nouvelle association, présidée par Pascale Ribes, représentant l’APF, « l’assistance sexuelle consiste à prodiguer, dans le respect, une attention sexuelle, érotique et/ou sexuelle à une personne en situation de handicap ou à permettre – à leur demande – l’acte sexuel à deux personnes qui ne peuvent l’accomplir sans aide », ce qui n’a rien à voir, selon elle, avec la prostitution.
« Soit cela relève du bénévolat et de relations interpersonnelles et on n’a pas à intervenir, soit ce sont des relations rémunérées en échange d’un service sexuel, cela s’appelle de la prostitution », rétorque, quant à elle, Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Elle s’est déclarée, le 6 janvier, « rigoureusement, formellement, totalement opposée » au recours à des assistants sexuels pour les personnes handicapées (voir ce numéro, page12). Un point de vue partagé par l’Amicale du Nid, qui s’étonne qu’on veuille « légaliser l’assistanat sexuel, c’est à dire la sexualité tarifée – définition même de la prostitution. Parler de la vie sexuelle et affective des personnes handicapées est important, mais faut-il par là sacrifier la dignité des uns à la dignité des autres ? »
Le débat est loin d’être clos puisque le député (UMP) Jean-François Chossy prépare une proposition de loi visant à créer un statut d’aidant sexuel pour les personnes handicapées. Celui qui, par ailleurs, s’est vu confier par Nadine Morano, alors secrétaire d’Etat chargée de la solidarité, une mission sur « l’évolution des mentalités et le changement du regard de la société sur les personnes handicapées » (4) aura donc fort à faire.
(2) Le nom de cette association fait référence à la fois au CHS qui « ose » ainsi qu’au poème du xviiie siècle, « Le mot et la chose » de l’abbé de Lattaignant.
(3) Dans l’objectif de faire des propositions pour une meilleure prise en compte de la vie intime, affective et sexuelle des personnes handicapées – Voir ASH n° 2549 du 14-03-08, p. 36.