En France, avouer sa séropositivité expose encore au rejet et à la discrimination, dans l’entreprise, dans la famille, dans toutes les relations sociales. Pour « rendre visibles ceux qu’on ne veut pas voir », la photographe Virginie de Galzain a passé plusieurs mois au sein du service d’immunologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), à Paris. Elle y a rencontré plus d’une centaine de patients, et a pu s’entretenir avec la moitié d’entre eux. Des hommes, des femmes, hétérosexuels ou homosexuels, jeunes ou vieux, insérés ou sans logement, qui ont tous posé la même condition : un respect total de leur anonymat. Aucun visage n’apparaît donc sur les tirages en très grand format présentés jusqu’à la fin du mois par la Cité de la santé. Loin de couper le spectateur du sujet, ce parti pris produit un véritable effet d’identification. D’une grande sobriété, chaque cliché raconte une trajectoire singulière en laquelle chacun, pourtant, peut retrouver une part de lui-même : une étudiante venue passer un dépistage, un cadre supérieur qui se sépare des collaborateurs qui soupçonnent quelque chose, un grand-père africain qui découvre la maladie à 70ans, une puéricultrice qui a reconstruit une famille… Malgré la fatigue, les perfusions et les cachets, ce qui frappe, c’est la vie qui émane de ces images, les corps soignés, les petites annonces de rencontre, le hochet du bébé qu’on n’imaginait plus avoir. Et l’engagement du personnel médical, volontaire pour travailler dans le service, nouant avec les patients, parfois suivis pendant des années, des liens d’une incroyable intensité. Pour compléter le reportage, un diaporama présente d’ailleurs les coulisses du service d’immunologie.
Vivre avec le VIH – Photographies de Virginie de Galzain – Jusqu’au 31 janvier, à la Cité de la santé – Cité des sciences – 30, avenue Corentin-Cariou, 75019 Paris – Entrée libre l’après-midi, du mardi au dimanche – Au printemps à Chalon-sur-Saône et à Perpignan – Infos :