Recevoir la newsletter

Plus de trois millions de personnes exclues d’un logement décent

Article réservé aux abonnés

Environ 5 % de la population française seraient sans domicile ou en situation de mal-logement. Une étude de l’INSEE révèle l’ampleur des catégories de personnes qui ne peuvent accéder à un logement d’une qualité satisfaisante.

Mieux compter pour mieux appréhender la situation des personnes en difficulté sociale. Simple en apparence, le chiffrage des plus démunis est pourtant un exercice particulièrement difficile. Il y a dix ans, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) s’y était déjà essayé en lançant la première grande enquête sur les populations sans domicile, qui devrait d’ailleurs être reconduite en 2012 (1). En attendant ce nouvel éclairage, il nous livre une estimation d’un public plus large, puisqu’il s’agit cette fois des personnes sans domicile et mal logées. 3,2 millions de personnes, soit environ 5 % de la population française, avaient ainsi, dans les années 2000, du mal à accéder à un logement d’une qualité satisfaisante (2).

Des personnes à la rue…

Parmi celles-ci, 133 000 personnes étaient « sans domicile ». Sachant que la définition retenue ici s’appuie sur le rapport du groupe de travail du Conseil national de l’information statistique publié en 1996 et englobe, d’une part, les sans-abri et les personnes reçues en établissement social et, d’autre part, celles hébergées au titre de l’aide au logement temporaire (3). Ils étaient ainsi 33 000 à être à la rue ou hébergés pour des durées très courtes (de quelques jours à quelques semaines) dans des centres d’urgence, les allers et retours de l’un à l’autre étant fréquents : des hommes essentiellement, pour près de la moitié franciliens. A ce public, il faut ajouter les 66 000 personnes hébergées pour des durées plus longues dans d’au­tres établissements sociaux (4), dont 40 % de femmes et 30 % de mineurs. L’Ile-de-France concentre le quart des places, un autre quart étant réparti entre trois régions : Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Nord-Pas-de-Calais. Enfin, 34 000 personnes étaient accueil­lies dans des logements ou des chambres conventionnés à l’aide au logement temporaire, en place d’urgence ou de plus longue durée.

A côté des publics sans domicile, 117 000 n’avaient pas de logement personnel. En 2006, 38 000 résidaient ainsi à l’hôtel dans des conditions médiocres : un quart des chambres (souvent sans sanitaires et sans possibilité de cuisiner) abritait plus d’une personne. Il s’agit essentiellement d’un public francilien masculin avec une proportion non négligeable (17 %) d’enfants. A côté, 79 000 personnes (de 17 à 59 ans) étaient hébergés, en 2002, chez des particuliers avec lesquels elles n’avaient pas de lien familial. Une solution retenue, faute de pouvoir s’offrir un logement indépendant, le plus souvent par des hommes et des jeunes : des ouvriers et des employés à 43 %.

… à celles logées dans de mauvaises conditions

Mais avoir un logement ne dit rien de la qualité de celui-ci. L’INSEE estime ainsi que 2,9 millions de personnes vivaient en 2006 dans des logements privés de confort ou surpeuplés. Parmi elles, 85 000 vivaient dans des habitats de fortune, pour les trois quarts des constructions provisoires ou des mobile homes ; 20 % n’avaient ni douche, ni baignoire ; 10 % étaient surpeuplés, c’est-à-dire qu’il leur manque deux pièces par rapport à la norme de « peuplement normal » (5). L’étude dénombre également 2,1 millions de personnes (3,6 % des résidences principales) qui habitent dans des logements « privés de confort », soit, selon les critères édictés par la loi DALO, situés dans des immeubles insalubres, menaçant de tomber en ruine ou ne répondant pas à certains critères (problèmes d’installation de chauffage, d’isolation ou d’électricité, absence d’installation sanitaire ou de coin cuisine) et 800 000 dans des logements surpeuplés. Elles seraient 127 000 à cumuler l’absence de confort et le surpeuplement.

A ces 3,2 millions de personnes exclues d’un logement satisfaisant, on pourrait encore ajouter, estime l’INSEE, les 110 000 personnes qui vivent dans des habitations mobiles (gens du voyage, forains…) et le million de ménages qui déclare avoir de grandes difficultés à régler ses dépenses de logement ou être en situation d’impayés. Ce chiffre ne donne qu’un ordre de grandeur minimal du phénomène du mal-logement : la Fondation Abbé-Pierre chiffre à 10 millions les personnes touchées de près ou de loin par la crise du logement (6).

Notes

(1) Voir ASH n° 2248 du 1-02-02, p 5 et n° 2197 du 12-01-01, p 39. Les données de cette enquête n’ont pas été utilisées dans cette étude à cause de son ancienneté. Sa reconduction en 2012 fournira de nouveaux résultats sur le nombre mais aussi les caractéristiques sociodémographiques et les parcours des personnes sans domicile.

(2) « Etre sans domicile, avoir des conditions de logement difficiles » – INSEE Première n° 1330 – Janvier 2011 – www.insee.fr.

(3) L’aide au logement temporaire finance des places d’hébergement dans un parc très diversifié (parc privé, parc social, hôtels, centres d’hébergement…).

(4) Des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, des établissements d’accueil mère-enfant, des centres dédiés aux demandeurs d’asile, etc. Les maisons-relais n’ont pas été prises en compte car elles n’existaient pas en 1996 et un groupe de travail doit rendre ses conclusions sur ces questions.

(5) Cette norme prévoit au minimum une pièce pour le ménage, une pièce pour chaque couple, pour les célibataires de 19 ans et plus et une pièce pour deux enfants de même sexe ou de moins de 7 ans, sinon une pièce par enfant.

(6) Dans son XVe rapport annuel – Voir ASH n° 2645 du 5-02-10, p. 20.

Sur le terrain

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur