Des passeurs de mémoire

On parle plus souvent des « jeunes de banlieues » que d’eux, pourtant les vieux sont la mémoire des quartiers. Comment vieillit-on dans les barres HLM ? Quelles relations entretiennent les personnes âgées avec les nouvelles générations ? Qu’en est-il de la transmission et de la mémoire ? C’est ce qu’a voulu savoir l’animateur Juan Massenya en allant à leur rencontre dans le cadre de son émission Teum-Teum, sur France 5. Ce programme, qui entame sa deuxième saison, montre chaque mois la réalité et la diversité des banlieues au travers de portraits d’habitants. Dans cet épisode filmé dans les Yvelines, à Sartrouville, et en Seine­Saint-Denis, à Bobigny, à Montreuil et au Blanc-Mesnil – où, avant la construction des grands ensembles, « on trouvait surtout des vaches et des lapins », se souvient le docteur Jacques Lemaire –, on découvre que les anciens sont nombreux mais souvent isolés, voire exclus. Pourtant, « je ne partirais pas finir ma vie en province, je suis un vrai banlieusard », clame Jacques Lemaire, accoudé au zinc du bistrot Le Provençal, où il partage, tous les jours depuis vingt ans, un verre avec son copain Achour Kaci, qui fut l’un des premiers immigrés maghrébins de ce quartier du Blanc-Mesnil. Juan Massenya part également à la rencontre d’un « chibani », qui vit en foyer d’hébergement, et de retraitées militantes, les Babayagas, qui ont fondé une maison de « retraite » autogérée « pour vieillir autrement ».