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Zones urbaines sensibles : l’ONZUS dresse un tableau toujours sombre

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En dépit de ses inquiétants constats, Maurice Leroy, ministre de la Ville, s’est appuyé, le 23 décembre, sur le rapport annuel de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) (1) pour conforter l’approche du gouvernement en matière de politique de la ville. De cette étude, « je retiens avant toute chose que nos efforts commencent à porter leurs fruits dans le domaine de l’activité économique, de la réussite éducative, de la rénovation urbaine, mais aussi de la sécurité », a-t-il commenté à l’occasion de la remise officielle du document.

Certes, souligne le rapport, la crise a eu un peu moins d’effet sur l’emploi dans les ZUS que dans les autres quartiers urbains. Avec un taux de chômage de 18,6 % (+ 1,9 point) en 2009, l’écart s’est donc légèrement réduit mais reste très préoccupant (8,8 points). Les jeunes sont gravement touchés : 43 % des hommes actifs de moins de 25 ans et 37 % des femmes sont au chômage. Mais, nuance Bernadette Malgorn, présidente du conseil d’orientation de l’ONZUS, rapporté à la classe d’âge, « le chômage touche environ un jeune homme sur six en ZUS et une jeune femme sur huit, contre un jeune sur 12 en dehors de ces quartiers ». Note positive néanmoins : l’inactivité féminine continue de diminuer depuis 2003.

Deux fois plus de ménages pauvres

Alors que le ministre a affiché l’ambition de « développer une politique volontariste » en matière d’emploi, citant les « premiers résultats des contrats d’autonomie avec 40 % de sorties positives », l’observatoire relève un léger repli de la part des entrants en ZUS dans les contrats aidés, notamment dans le secteur marchand. Par ailleurs, ajoute sa présidente, une enquête menée auprès d’anciens bénéficiaires de contrats aidés a montré que « ces contrats ne permettaient pas de supprimer les discriminations à l’insertion durable ». Sur le plan économique, l’observatoire note cependant une hausse des taux d’installation d’entreprises dans ces quartiers, notamment imputable à la création du statut d’auto-entrepreneur.

Même si le document observe une grande diversité entre ZUS, tous ses indicateurs confirment la précarité de leurs habitants : en 2008, les deux tiers étaient connus des caisses d’allocations familiales et 18 % des allocataires percevaient le revenu minimum d’insertion, soit deux fois plus que la moyenne métropolitaine. La part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian était 2,4 fois plus élevée qu’ailleurs (13 % pour la population générale). En outre, il existe dans les ZUS une mobilité « de sorte que, chaque année, 7 % des habitants quittent le quartier et sont remplacés par de nouveaux habitants, généralement en situation de précarité accrue par rapport aux partants ».

Les voyants sont également au rouge pour la santé, comme le montrent le défaut de couverture vaccinale des élèves scolarisés, leurs problèmes auditifs, dentaires ou visuels plus fréquents, alors qu’ils sont moins nombreux à porter des lunettes ou des lentilles (de 3 à 4 points de moins). Ce qui traduit « aussi bien une moindre sensibilisation aux questions de santé qu’un renoncement aux soins, pour des raisons qui pourraient être financières ou d’accessibilité à un spécialiste dans des quartiers dont les précédents rapports de l’ONZUS ont montré qu’ils étaient moins pourvus en la matière ».

Retard scolaire : l’écart se réduit

Concernant la réussite scolaire, l’ONZUS juge que les effets de la politique d’éducation prioritaire permettent « d’améliorer la situation relative des quartiers de la politique de la ville en matière de moyens mobilisés par élève ». Ainsi, depuis quatre ans, les élèves « comblent progressivement leur retard » : le taux d’admission au brevet est passé de 68 % en 2005 à 73 % en 2009, portant l’écart avec les autres territoires de 12 à 10 points. La réussite au baccalauréat progresse également, tout en restant inférieure à celle qui est atteinte par les autres lycéens, et les redoublements en seconde générale, bien qu’en diminution, restent plus fréquents.

Les résultats en matière de sécurité sont pour le moins contrastés. Si le taux de délinquance a baissé de 11 % entre 2005 et 2009, cette évolution globale résulte à la fois d’une diminution des atteintes aux biens (– 15 % depuis 2005) et d’une hausse des atteintes aux personnes (+ 7 %). L’observatoire souligne par ailleurs que le taux de délinquance dans les ZUS, avec 52,9 faits pour 1 000 habitants, reste inférieur à celui de leurs circonscriptions de sécurité publique (55,5).

Il pointe encore que les engagements financiers du programme national de rénovation urbaine, qui a profité de l’aide du plan de relance, sont en hausse. Si les premières conventions signées « commencent à donner des résultats », des retards subsistent en matière de livraison. Ainsi, au 31 décembre 2009, 62 700 logements ont été démolis, 33 450 reconstruits, 95 000 réhabilités et 64 650 ont fait l’objet d’une opération de résidentialisation. Ce qui représente respectivement « 86 %, 61 %, 62 % et 47 % des objectifs d’opérations terminées à fin 2009 ».

Quant au montant des subventions allouées par l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSE), il s’élevait à 322,8 millions d’euros en 2009. Près de 12 000 organismes en ont bénéficié, dont deux tiers sont des associations. « Mon ambition est de faire en sorte que les crédits de l’agence arrivent efficacement sur le terrain », a assuré Maurice Leroy. « Dès 2011, j’ai demandé aux délégués territoriaux de l’ACSE de faire en sorte que les subventions aux associations soient versées, pour les dossiers qui seront prêts, avant le 31 mars 2011. »

LES HABITANTS DES ZUS SOUS LA LOUPE DE L’INSEE

Les zones urbaines sensibles regroupent 7 % de la population, soit 4 361 000 personnes. L’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) a braqué ses projecteurs sur les habitants de ces territoires « en difficulté », caractérisés par la présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradés et par un déséquilibre accentué entre l’habitat et l’emploi (2). Il s’est penché sur leurs caractéristiques en 2006, soit dix ans après la mise en place des ZUS.

Alors que la population française augmente régulièrement, celle de ces territoires a diminué de 2,3 % depuis 1999, soit une baisse moyenne de 0,3 % par an. Les 749 ZUS sont de tailles très diverses : une quarantaine totalise moins de 1 000 habitants tandis que celles de « Centre Nord », de Marseille et de « Roubaix Nord » comptent chacune 50 000 habitants.

La pyramide des âges en ZUS diffère de celle des zones urbaines environnantes : les habitants sont plus jeunes – avec une forte proportion d’enfants de moins de 6 ans et de jeunes de moins de 20 ans. Mais ce sont les 18-24 ans qui sont les plus représentés. Les femmes de 23 à 30 ans sont également plus présentes que dans le tissu urbain voisin : leur faible insertion dans la vie active limite peut-être leurs possibilités de départ de ces territoires. L’étude pointe d’ailleurs une mobilité restreinte des habitants des ZUS.

Concernant la composition de ménages, là aussi, les caractéristiques de cette population varient de celles du reste de la France : 12,7 % des foyers sont composés de cinq personnes ou plus ; c’est deux fois plus que dans la population globale. A noter néanmoins qu’au fil des ans, l’écart diminue légèrement. Ce qui n’empêche pas que 25,7 % des familles en ZUS soient monoparentales (contre 15,8 % dans la population globale). 17,5 % des habitants sont étrangers, dont près de la moitié originaire des pays du Maghreb et 10,2 % sont français par acquisition de la nationalité. 60 % des ménages sont locataires en HLM, soit trois fois plus que dans les communes voisines. Il s’agit rarement de grands logements (seulement 17 % comptent plus de cinq pièces).

Côté formation, le niveau de la population des ZUS s’accroît, mais moins rapidement que dans le milieu urbain environnant : la moitié des habitants ne dispose d’aucun diplôme supérieur au brevet des collèges. Quant au taux d’emploi, il est inférieur à celui observé dans le reste du pays, particulièrement chez les femmes et les étrangers : 34,5 % des étrangères de 25 à 49 ans ont un emploi en ZUS, contre 60 % dans leurs unités urbaines… et contre 76,2 % des Françaises du même âge.

Notes

(1) Disponible sur http://www.ville.gouv.fr.

(2) « La population des zones urbaines sensibles » – INSEE Première n° 1328 – Décembre 2010 – Disponible sur www.insee.fr.

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