L’histoire de Joséphine et Chavo, c’est un peu celle de Roméo et Juliette transposée dans l’univers d’Emir Kusturica. La fille du maire d’une petite commune tombe amoureuse d’un Tsigane. Non seulement son père s’y oppose – « c’est un délinquant qui passe sa vie sur la route et qui ne pense qu’à ton argent ! » – mais son adjointe bigote rêve, en plus, de construire une cathédrale sur l’aire où les Tsiganes se sont installés, et donc de les en chasser au plus vite. « Je suis partie d’une histoire d’amour impossible afin d’aborder les thèmes de la famille, des choix, des traditions, du racisme, de l’intolérance, du contraste entre deux façons de vivre », raconte l’auteure et metteure en scène Andréa Castro, qui s’est inspirée d’une envie de « découvrir l’univers des Tsiganes, leur musique, leur histoire ». Il y a un an, les comédiens de la compagnie Aleph proposaient le spectacle Filles d’acier, qui dépeignait le monde carcéral sur un mode onirique (1). Pour Dragostea, noces tziganes, pièce montée pour les dix ans de la troupe, le rêve est aussi présent, avec un premier acte tiré de l’imaginaire et de la voyance. Le rythme est entraînant, les scènes sont entrecoupées de chansons et l’interprétation est pleine d’humour. Pour préparer le spectacle, il a fallu à Andréa Castro près de cinq mois de travail, entre les séances d’improvisations et de recherches, l’écriture et le montage. « A l’époque, il n’était pas encore question du problème des Roms dans l’actualité. Aujourd’hui, la pièce résonne de façon différente. »
(1) Voir ASH n° 2635 du 4-12-10, p. 38.
Dragostea, noces tziganes – Andréa Castro – Les 19 et 26 janvier et le 2 février à 20 h 30 ; les 16 et 23 janvier à 18 h 30 – Centre artistique El Duende – 86, rue Marat, 94200 Ivry-sur-Seine – Tél. 01 46 71 52 29