Le 21 décembre, la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, en présence notamment de Benoist Apparu, secrétaire d’Etat chargé du logement, et de Fabrice Heyriès, directeur général de la cohésion sociale, a enfin installé le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), dont les membres viennent d’être renouvelés par arrêtés (1). Rappelons en effet, que Bernard Seillier, démissionnaire depuis février 2010, avait dû assurer l’intérim de la présidence de l’instance jusqu’à la nomination d’Etienne Pinte en juillet dernier, lui-même ayant attendu la désignation des nouveaux membres pendant six mois. Roselyne Bachelot a profité de l’occasion pour présenter au CNLE les missions qu’elle souhaite lui confier.
En 2009, le conseil avait mis en place un groupe de travail chargé de réfléchir aux fonctions de conseil et d’observation dans le champ de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. N’ayant pu faire aboutir ces travaux afin la fin de sa mandature, l’instance devra les reprendre dans le cadre d’une réflexion globale sur la gouvernance des politiques d’inclusion sociale. En outre, la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale a indiqué dans son discours – qu’elle a validé, diffusé mais qu’elle n’a pas exactement suivi à la lettre au moment de le prononcer –, qu’elle invitait le CNLE à engager, avec la direction générale de la cohésion sociale, une réflexion en vue de « simplifier le champ des solidarités et de la cohésion sociale en regroupant certains comités et conseils ». Ainsi, a-t-elle expliqué, « on pourrait imaginer un Conseil national d’inclusion sociale […] qui regrouperait le CNLE, la commission nationale consultative des gens du voyage, le Conseil national de l’insertion par l’activité économique et peut-être d’autres conseils. » Afin d’être plus réactif, il convient non seulement d’« améliorer l’information sur notre politique d’insertion », mais aussi de mieux apprécier l’impact de ces politiques, a estimé Roselyne Bachelot. Aussi a-t-elle invité Etienne Pinte à « réfléchir à de nouvelles méthodes d’évaluation qui prennent en compte l’impact de ces politiques sur la personne considérée dans sa globalité et – osons le dire – sur son bien-être ». Ces nouvelles méthodes devront constituer des « outils concrets utiles à l’ensemble des acteurs et, en particulier, aux travailleurs sociaux et aux conseils généraux ». Enfin, la ministre a demandé au CNLE de créer en son sein un groupe de travail chargé d’étudier les possibilités de développer la représentation des usagers dans les instances nationales, dans les structures de prise en charge et dans les collectivités territoriales.
Par ailleurs, Roselyne Bachelot souhaite qu’Etienne Pinte réfléchisse « aux perspectives d’évolution du CNLE et de ses missions, ainsi qu’à un élargissement de sa composition et à la création de commissions thématiques ». Objectifs : « accentuer le rôle et l’impact de cette instance interpartenariale pour en faire un outil de dialogue privilégié, notamment avec les pouvoirs publics », « renforcer son action de suivi des diverses politiques publiques menées en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, pour mieux les appréhender dans leur globalité » et « améliorer sa communication, notamment en direction des parlementaires et des acteurs du champ social ». Cette demande paraît d’autant plus justifiée au regard du nombre croissant des demandes de participation aux travaux de l’instance. Regroupant actuellement 54 membres, le conseil ne peut en accueillir plus pour des raisons de cohérence et de moyens. Toutefois, en vertu des textes qui le régissent, il peut faire appel à des intervenants extérieurs en qualité d’« invités permanents ». C’est le cas, depuis peu, de la Croix-Rouge, de l’Union nationale des associations familiales, de Solidarités nouvelles face au chômage et du Mouvement national des chômeurs et précaires.
De son côté, le président du CNLE a indiqué qu’il veillerait à jouer un rôle d’alerte, réagirait sur certaines actualités quand cela serait utile et communiquerait aussi souvent que nécessaire. Etienne Pinte estime également qu’il convient de « mieux comprendre les parcours et les raisons qui conduisent à la pauvreté, à l’échec scolaire, aux difficultés d’insertion des jeunes notamment dans le monde professionnel ». Un travail auquel il entend prochainement s’atteler.
(1) Arrêtés du 20 décembre 2010, J.O. du 22-12-10.