Il est né là, en France, et n’a jamais mis les pieds en Afrique – « élevé au Blédina puis aux Kellogg’s Corn Flakes ». Quand un journaliste débarque pour réaliser un reportage sur la « banlieue », le jeune homme n’hésite pas à lui servir de guide, et à lui faire découvrir son quartier comme il l’aime. C’est après qu’il dérape. A la fin de la visite, quand le journaliste, jusque-là fort sympathique, lui demande ses origines. Dans cette première nouvelle du recueil Petites histoires de quartier, l’adolescent raconte sa colère. Et les conséquences de son coup de sang. Baston, direction la prison.
L’auteure, Julia Billet, anime des formations pour adultes et des ateliers d’écriture, à l’hôpital, en prison, en foyer, etc. Elle explique dans la préface de son dernier ouvrage s’être appuyée sur le travail de l’Observatoire des inégalités, un site d’information en ligne (1).
Ainsi, chaque nouvelle illustre une inégalité, procédé peut-être un peu trop systématique. C’est le témoignage du père d’un enfant trisomique, que tout le monde plaint sans le comprendre ; la descente aux enfers d’une jeune fille qui claque la porte de chez son père, violent, et qui se retrouve à dormir sous les ponts ; le récit de la première sortie en boîte de nuit de deux adolescentes, qui déchantent vite quand un chaperon leur est imposé, car lui a tous les droits ; un mari qui répète à sa femme enceinte qu’elle a bien de la chance de ne plus travailler et qu’elle peut, du coup, s’occuper de tout à la maison… Certaines des nouvelles ont été mises en scène, ou publiées ailleurs. Julia Billet sait raconter et tenir le lecteur en haleine, de nouvelle en nouvelle.
Petites histoires de quartiers – Julia Billet – Ed.Océan Editions – 11 €
(1)