« La mutation du travail social dans un contexte d’évolution et de crise. » L’Ancasd (Association nationale des cadres de l’action sociale des départements) (1), qui invitait pour l’occasion l’inspectrice générale des affaires sociales Hélène Strohl, a débattu de cette vaste question lors de son assemblée générale du 10 décembre. L’organisation, qui compte 75 adhérents – conseillers techniques et directeurs de territoire, à la charnière entre les instances décisionnelles et le terrain –, a en effet pour ambition de défendre le sens de l’action sociale et du travail social dans la mise en œuvre des politiques publiques. Préoccupation d’actualité : la réforme territoriale. La loi adoptée le 17 novembre prévoit que les métropoles, regroupements de plusieurs communes, pourront exercer, dans le cadre d’une convention, une compétence à la place du département, notamment dans le domaine de l’action sociale. Se saisiront-elles de cette possibilité, à l’heure où les conseils généraux sont financièrement au pied du mur ? « L’action sociale départementale telle qu’elle existe aujourd’hui risque d’être tiraillée, explique Marc Revault, président de l’Ancasd et conseiller technique départemental au conseil général de Lot-et-Garonne. Il faudra alors prendre position pour dire ce qu’il faut préserver dans l’organisation du travail social. »
C’est notamment dans cette perspective que l’association milite, dans la lignée d’un colloque organisé en janvier 2009 avec le Centre national de la fonction publique territoriale, pour la visibilité du travail social généraliste. « Le travail social de polyvalence est quantifié à travers des missions : par exemple le nombre de bénéficiaires du RSA ou de demandeurs d’aide du Fonds de solidarité pour le logement, poursuit Marc Revault. Nous voulons qu’en dehors des dispositifs et de la logique de guichets, soient pris en compte la dimension d’accompagnement, le travail sur les potentialités des personnes, comme le permet par exemple le travail avec les groupes. » Ce qui passe nécessairement par la capacité à dialoguer avec les élus, dans un contexte de « caisses vides » où le travail social est contraint de rendre des comptes, voire de se réorganiser ou d’innover. L’Ancasd a d’ailleurs fait valoir ce besoin auprès de l’Institut national spécialisé d’études territoriales d’Angers, dans le cadre de la mise en place d’outils de formation pour les cadres intermédiaires.
L’association prépare par ailleurs pour le mois d’avril une analyse de l’impact de la mise en œuvre du RSA sur le travail social. « L’objectif de retour à l’emploi induit-il un changement de posture professionnelle ? Nous sommes en train de faire remonter des questionnaires pour adopter une position commune », précise Isabelle Gauchin, secrétaire de l’Ancasd et directrice d’unité territoriale d’action sociale en Seine-Maritime. Pour les anciens bénéficiaires de l’allocation de parent isolé par exemple, pour lesquels l’accent est également mis sur l’insertion professionnelle, l’accompagnement à la parentalité ne risque-t-il pas de passer au second plan ?
Autre chantier en cours : la rédaction d’une « charte déontologique » afin de disposer d’un « document consensuel » sur le partage de l’information. La loi du 5 mars 2007 sur la prévention de la délinquance a fait émerger des demandes dans ce sens et des collectivités ont entrepris un travail sur le sujet, explique le président de l’association. Preuve que la « charte déontologique-type pour l’échange d’informations dans le cadre des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance », rendue publique par le Comité interministériel de prévention de la délinquance au mois de juin et approuvée par la commission « éthique et déontologie » du Conseil supérieur du travail social (2), est loin d’avoir clos le débat.
(1)