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« AVEC LES HAUTES ÉCOLES, ON VA PROMOUVOIR LA RECHERCHE »

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Les hautes écoles spécialisées suisses – auxquelles se réfère le projet de « hautes écoles professionnelles en action sociale » de l’Unaforis (1) – n’ont pas remis en cause l’indépendance des centres de formation. En outre, elles favorisent le développement de la recherche, estime Dominique Susini, président de l’Association internationale pour la formation, la recherche et l’intervention sociale (Aifris) (2).

Que pensez-vous des hautes écoles spécialisées créées en Suisse ?

C’est un modèle intéressant et relativement simple à mettre en œuvre. En Suisse, c’est une loi fédérale de 1996, révisée en 2005, qui a institué un système d’enseignement supérieur divisé entre les universités (ou hautes écoles académiques) et les hautes écoles spécialisées (HES). A la différence du projet français, le travail social n’est qu’un des domaines des hautes écoles, qui réunissent aussi les sciences de l’ingénieur, l’économie et les services,les arts, la santé… La Suisse compte aujourd’hui sept hautes écoles spécialisées dont une seule dans sa partie romande, qui regroupe les quatre écoles de travail social de Genève, Lausanne, Fribourg et Sion. Néanmoins, si tous les centres de formation d’assistants sociaux et d’animateurs socioculturels ont rejoint ce modèle au tournant des années 1990 à 2000, une majorité des écoles d’éducateurs sociaux en Suisse alémanique ont choisi de rester à l’extérieur. Au départ, certains craignaient que la formation ne soit plus assurée que par des universitaires. Ce qui se révèle faux, puisque 25 % seulement des enseignants ont un doctorat, les autres ont un bachelor, un master ou un diplôme en travail social.

Quel était l’intérêt pour les écoles suisses de rentrer dans ce système ?

D’abord d’intégrer le système de Bologne avec la reconnaissance des titres au plan européen. Ensuite, un intérêt financier : la HES permet aux écoles, financées par les cantons, de recevoir des subventions de la Confédération helvétique, notamment pour développer la recherche. En contrepartie, les écoles sont soumises à une évaluation régulière de la qualité de leurs diplômes, réalisée par une commission indépendante où siègent – ce qui me paraît intéressant – à côté d’experts suisses, des experts belges et français.

Y a-t-il eu des fusions et des disparitions d’écoles de travail social ?

Non, c’est pour cela que les craintes qui s’expriment en France me semblent infondées. En Suisse romande, la HES est une superstructure qui n’a pas changé le fonctionnement des quatre écoles, qui gardent leurs statuts et leur gestion propres et restent sur des sites séparés. Certes, elles doivent avoir les mêmes modalités pédagogiques, mais celles-ci sont décidées au sein d’un « Conseil de domaine » où siègent les responsables pédagogiques et les directeurs d’établissements. Le passage en HES, qui s’est accompagné de la mise en crédits des formations, permet aux quatre écoles de délivrer des bachelors ; l’alternance a été renforcée et les établissements employeurs considérés comme des « institutions apprenantes ». Les écoles ont aussi mis en place en synergie un master… Mais pas encore de doctorat en travail social ; celui-ci est en cours de discussion.

Vous soutenez donc ce modèle pour la France ?

C’est la seule façon d’intégrer l’espace européen de l’enseignement supérieur, ou alors on laisse la formation en travail social aux mains de l’Université. Je remarque toutefois que les pays germanophones et du nord de l’Europe ont choisi la voie des HES, qui permettent de garder un enseignement professionnel – et, pour la France, sa pédagogie fondée sur l’alternance intégrative – tout en le tirant vers le haut. Car, avec les HES, on va pouvoir développer des équipes de formateurs-chercheurs et promouvoir la recherche sur le travail social, un objectif que défend l’Aifris. Sachant que, pour nous, la recherche est entendue au sens large : c’est celle effectuée par les universitaires, les formateurs et les professionnels, quelle que soit la méthodologie utilisée. L’Aifris s’efforce de créer une communauté de réflexion entre ces professionnels de terrain, des écoles et les chercheurs de langue française (3).

Notes

(1) Voir ASH n° 2683 du 19-11-10, p. 17.

(2) Créée en 2008 par des formateurs et des professionnels de l’intervention sociale français, belges, suisses et canadiens, elle réunit 13 pays – Aifris : 111, rue de la Poste – 1030 Bruxelles – www.aifris.org ou dominique.susini@wanadoo.fr.

(3) Elle organise à cet effet son prochain congrès du 5 au 8 juillet à la haute école de travail social de Genève sur le thème « Crises, gouvernances, développement durable : quelles articulations avec l’intervention sociale ? » – www.aifris.eu.

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