Autrefois nourrices, puis assistantes maternelles, elles – et ils – sont désormais des assistants familiaux, c’est-à-dire des travailleurs sociaux exerçant « une profession définie et réglementée d’accueil permanent à [leur] domicile et dans [leur] famille de mineurs ou de jeunes majeurs de 18 à 21 ans » (1). En quittant le champ « maternel » pour le champ « familial », adjectif largement utilisé dans le secteur social, l’assistant familial rejoint un groupe de professions ayant pour point commun la relation d’aide dans le domaine de la famille – comme celles de technicien en intervention sociale et familiale, de conseiller en économie sociale et familiale, de médiateur familial ou encore de conseiller conjugal et familial, fait observer Serge Escots, anthropologue et thérapeute familial, lors des XIXes journées d’étude de l’Association nationale des placements familiaux (ANPF) (2). « Ainsi, dans ce que veut donner à entendre l’appellation « assistant familial », la dimension sémantique materno-familiale se réduit au profit de la dimension professionnelle », estime-t-il. Ce changement n’est pas seulement d’ordre lexical, puisque la professionnalisation de l’accueil familial est assise sur une formation sanctionnée par un diplôme d’Etat. Aucun autre métier, cependant, ne connaît une telle intrication du professionnel et du privé, note Anne Thévenot, maître de conférences en psychologie clinique à l’université de Strasbourg. Non pas tant parce que les assistants familiaux exercent leur activité à domicile, mais parce que c’est le quotidien de leur vie familiale, avec ses particularités et ses limites, qui constitue l’essence même de leur travail, et parce que les fonctions parentales que les intéressés remplissent auprès des enfants en difficulté sont ancrées dans le terreau d’un engagement subjectif tout à fait essentiel.
Véritable « cœur de métier de l’accueil familial, fût-il professionnalisé », cette implication affective est propice à l’identification des besoins de l’enfant avec qui s’établit un partage des moments de vie, souligne Vincent Ramon, président de l’ANPF. L’époque semble d’ailleurs révolue où il était demandé aux accueillantes de « ne surtout pas s’attacher aux enfants confiés » – quoique… (voir l’encadré, page 31). En fait, commente Catherine Sellenet, professeure en sciences de l’éducation à l’université de Nantes, la demande faite aux assistants familiaux est plus complexe que cela, explique la spécialiste : « Il s’agit de s’attacher à l’enfant, il en aura besoin pour grandir, mais de façon non pathologique, non fusionnelle, en laissant la place ouverte aux parents » (3). Autrement dit, selon la belle adresse à ses salariées de Chantal Delos, directrice du service de placement familial spécialisé du Comité mosellan de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence : « Il faut faire avec les enfants comme si c’étaient les vôtres, sans oublier jamais qu’ils ne le sont pas. »
« Offrir une relation d’attachement dans l’intimité de sa famille et être inclus dans un cadre institutionnel professionnalisé » : telle est bien, pour Vincent Ramon, la « dualité contradictoire » sur laquelle repose le métier d’assistant familial. Une dualité qui expose les assistants familiaux à un droit de regard de l’institution sur leur vie personnelle. Cela ne va pas sans tiraillements avec l’équipe référente du placement. D’une part, parce que « la qualité de la transparence d’un propos est très relative, elle relève d’une illusion se heurtant à l’impossibilité de rendre visible et audible une activité qui se vit dans le menu du quotidien, l’habituel, et se ressent avant de se démontrer », explique Catherine Salvat, psychologue du travail à l’association Via Voltaire, qui intervient dans l’accompagnement des assistants familiaux du conseil général de l’Hérault. D’autre part, parce que « la mise en visibilité de l’action de l’assistante familiale se fait sous la pression des attendus de genre, des normes sociales, politiques, psychologiques, légales », qui encadrent le soin et l’éducation des enfants. Autrement dit, s’il est impossible de définir avec certitude ce que serait un bon accueil familial – « avec une pincée d’attachement, un nuage d’attention maternelle, un zeste de compassion et des sollicitations éducatives variées… » –, une chose est sûre : tout n’est pas bon à dire dans l’espace social, et en particulier les affects négatifs qui viennent « contredire l’idéal maternel féminin attribué aux métiers de l’enfance », précise Catherine Salvat. D’où les « stratégies d’enjolivement » qu’elle constate chez les assistants familiaux. Repérant vite les représentations et attentes des équipes référentes de la situation de l’enfant, qui sont variables d’une équipe à l’autre, les accueillants y ajustent leur discours et ils lissent l’image qu’ils donnent de leur travail. Ce à quoi font écho les regrets des travailleurs sociaux déplorant régulièrement que les assistants familiaux mentent ou, à tout le moins, leur cachent certaines choses.
Il y a aussi un problème d’accordage entre les « temporalités dissonantes » de l’accueil familial et de l’institution, ajoute Catherine Salvat. Les événements qui jalonnent la vie de l’enfant accueilli se manifestent de façon impérieuse. Or l’institution oppose une certaine inertie aux demandes des assistants familiaux confrontés aux besoins et/ou au malaise de l’enfant. Les professionnels, bien sûr, continuent malgré tout à agir, ou bien, si nécessaire, temporisent et diffèrent. Mais, « exaspérés par les fins de non-recevoir qui ajoutent à l’usure du quotidien – et blessés quand leurs interpellations sont minorées –, ils en arrivent à questionner leur propre capacité d’expression : “ont-ils les bons mots ?” » Ces ratés du dialogue avec l’institution renvoient l’assistant familial à sa « condition de travailleur solitaire, éloigné de l’organisation dont le soutien ne lui est pas toujours acquis, alors même que l’exercice de l’accueil familial requiert la possibilité d’un échange avec un tiers soutenant, qui puisse entendre et accueillir l’expression des aléas ». Des aléas qui sont légion, commente Catherine Salvat, car l’enfant n’est jamais là où on l’attend : il importe et revit dans sa famille d’accueil « les dysfonctionnements relationnels de sa propre famille, il vient questionner la solidité des aménagements, il refuse les marques d’attention et met à bas la patience ».
Précisément, parce que ça ne va pas « tout seul » d’accueillir un enfant en grande difficulté, l’intégration des assistants familiaux aux équipes pluridisciplinaires du placement est unanimement posée comme une nécessité. Sur le terrain, pourtant, cette place de « collègue » est loin d’être partout gagnée. « Il est très difficile d’instituer un système de confiance entre l’assistant familial et l’équipe, on se sent jugé et jaugé, comme si on ne faisait pas partie de l’équipe », témoigne une professionnelle, qui exerce dans un service de placement associatif en région parisienne. Or combien de placements sont mis à rude épreuve du fait que l’assistant familial ne parle pas des problèmes rencontrés par crainte de passer pour un incapable ? « Le mythe de la compétence fait ici ses dégâts, nous privant du seul outil disponible en accueil familial qui, bien que limité, soit un peu efficace : la parole », affirme Serge Escots, qui juge essentiel de réfléchir aux moyens d’améliorer la qualité des échanges à l’intérieur du dispositif. « Chacun sait par expérience que lorsqu’il y a un problème dans la pratique, une bonne façon d’éviter d’en parler consiste à nommer un bouc émissaire », ajoute-t-il. Les assistants familiaux récemment diplômés lui semblent pouvoir faire de valables candidats à ce poste. « A moins que, forts de cette légitimité nouvelle, ils profitent de ce pouvoir pour désigner un responsable de tous les maux… »
Alors que les premières formations qualifiantes d’assistants familiaux viennent de s’achever, il semble en tout cas rester bien du chemin à faire pour équilibrer la relation entre ces professionnels et les travailleurs sociaux canoniques. A cet égard, le partage de connaissances théoriques et un langage commun ne suffisent pas. Il s’agit aussi de travailler sur la reconnaissance de l’autre comme d’un égal, analyse Séverine Euillet, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Paris-X. Mais, avec des travailleurs sociaux qui sont à la fois accompagnateurs et contrôleurs de la situation d’accueil, cette reconnaissance se heurte à la hiérarchie des statuts. « Dans un travail d’équipe, chaque professionnel a une place, la question est de savoir quelle place est attribuée, laissée et prise », développe la chercheuse. Pour l’assistant familial, au-delà de son absence de place physiquement identifiée comme telle dans les locaux du service, « il y a la place de sa parole et de ses observations, par conséquent la place de son travail et la reconnaissance de l’importance de celui-ci selon que son discours est, ou non, recueilli et pris en compte dans les orientations décidées pour l’enfant », explique Séverine Euillet. C’est bien là où le bât blesse. Alors que le quotidien des enfants, ce sont les assistants familiaux qui le vivent 24 heures sur 24, les intéressés ont souvent le sentiment d’être renvoyés à la marge du dispositif.
En fait, comme sur un échiquier où le déplacement d’une pièce reconfigure la totalité du jeu, le nouveau positionnement des assistants familiaux implique une remise à plat générale des rôles et des fonctions de tous les professionnels composant les équipes pluridisciplinaires de placement. Il s’agit de faire émerger et reconnaître par ses pairs la spécificité de chacun, souligne la chercheuse. Un tel projet revient, finalement, à professionnaliser l’ensemble du dispositif d’accueil, car il suppose que tous les intervenants se forment pour pouvoir partager avec les autres leur « “profession” de l’accueil familial », fait observer Serge Escots. Et de préconiser, à cet effet, des formations pluri-professionnelles, qui réuniraient assistants familiaux et autres protagonistes de l’accueil, ainsi que des dispositifs communs d’analyse des pratiques.
A la lumière de leur expérience de psychologues à l’aide sociale à l’enfance, respectivement en Meurthe-et-Moselle et dans le Bas-Rhin, Jutta de Chassey et Francine Renault sont également convaincues qu’on ne peut bien comprendre ce qui se joue dans la rencontre toujours singulière avec un enfant sans analyser les enjeux subjectifs qui sont les ressorts du placement. Cette analyse ne doit pas être le seul fait des assistants familiaux, insistent-elles : travailleurs sociaux référents, cadres chargés des décisions, juges, psychologues, ont eux aussi à travailler sur leur subjectivité. En effet, « que ce soit dans la vie quotidienne commune, dans l’accompagnement, ou dans l’arbitrage décisionnaire, la situation de suppléance auprès d’un enfant a le pouvoir de faire émerger des enjeux infantiles pour chacun. Or ces enjeux, surtout s’ils ne sont pas identifiés, risquent d’alimenter des positions, convictions ou idéologies qui coloreront “l’intérêt de l’enfant” au nom duquel des décisions et des orientations seront prises », soulignent les psychologues. Mais encore faut-il que les services de placement soutiennent la nécessité de tels espaces d’élaboration et prévoient la possibilité concrète d’y participer sur le temps de travail. Or cela ne semble pas constituer le premier souci des institutions.
Introduire de la cohérence entre les différentes parties prenantes, tel est le défi de cette aventure peu banale consistant à aider un enfant à grandir dans une autre famille que la sienne. « Pour qu’une entente de parentalité partagée soit une mesure bénéfique plutôt qu’une source de confusion, il est nécessaire que tous les adultes aient une position claire et acceptent ce qui constitue leur rôle respectif dans la vie de l’enfant, en évitant la compétition pour se gagner l’allégeance de celui-ci », explique Catherine Sellenet, qui souscrit ici à un propos du psychiatre canadien Paul Steinhauer. La professionnalisation des assistants familiaux peut contribuer à cette clarification, mais elle n’est pas à elle seule en mesure d’y suffire : la suppléance est un art qui se pratique collectivement.
Représentant le principal mode d’accueil des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE), les assistants familiaux reçoivent dans leurs foyers quelque 65 900 jeunes – pour 47 800 qui sont confiés à des établissements (4). Si l’accueil familial est ainsi privilégié, c’est certainement lié à la « croyance » plus ou moins établie, « qui tend à assimiler le bon soin du côté de la famille d’accueil et la carence du côté de l’institution », analyse Serge Escots, anthropologue et thérapeute familial. On peut ajouter que, financièrement, les familles d’accueil pèsent nettement moins lourd que les établissements sur les budgets des conseils généraux (5). Pour autant, le placement familial représente une intervention qui n’a rien d’évident. Catherine Sellenet, professeure en sciences de l’éducation à l’université de Nantes, pointe plusieurs paradoxes inhérents à cette formule de soutien aux enfants (6).
Le premier d’entre eux est de chercher à protéger l’enfant de sa famille tout en voulant protéger ladite famille, c’est-à-dire ne pas annuler la place des parents. En vertu d’une « idéologie familialiste » qui pose la primauté de la famille, cette dernière « apparaît donc comme un risque nécessaire : elle est à la fois dangereuse tout en étant incontournable ». Ce qui ne va pas sans poser problème aux acteurs de terrain, dans la mesure où ils ont l’impression qu’on leur demande de « protéger l’enfant de sa famille qui reste la meilleure solution », souligne Catherine Sellenet.
Une deuxième contradiction tient au fait de vouloir s’appuyer sur les compétences parentales après avoir bien mis en évidence les défaillances justifiant le placement. « Peut-on dire à un parent qu’il reste un “expert de son enfant” alors qu’un jugement vient de lui dénier ce statut ? De qui se moque-t-on ? », ironise la spécialiste. Elle invite donc à ne pas s’étonner que les premières compétences attendues par les professionnels de la protection de l’enfance soient celles du parent à reconnaître ses difficultés et à adhérer à l’analyse qui est faite de sa situation. Corollaire de cette contradiction, l’antinomie qui existe entre le partenariat, toujours plus invoqué, et le contrôle, qui ne laisse pas de se métamorphoser. Ainsi, la loi de mars 2007 réformant la protection de l’enfance, qui vise à la déjudiciarisation des situations, prône l’adhésion des familles, cependant que prolifèrent de nouvelles manières de les surveiller comme les visites médiatisées.
Les deux derniers paradoxes évoqués par Catherine Sellenet sont particulièrement dérangeants. Le placement, explique-t-elle, vise, d’une part, à « trancher pour réparer », d’autre part, à « séparer pour réunir ». Or, si la séparation peut apparaître effectivement comme « une coupure salutaire, un espace-temps “thérapeutique” susceptible de redistribuer les cartes », encore faudrait-il qu’il y ait un réel suivi des parents post-placement. Mais, une fois l’enfant protégé, on braque le projecteur sur son lieu d’accueil et les parents qui ont été jugés défaillants sont souvent laissés dans l’ombre. De ce fait, « la réunion ou le retour de l’enfant dans sa famille prend parfois l’allure d’un mythe, d’un rêve merveilleux et fou que les parents se racontent et racontent à leur enfant au gré des rencontres, non sans susciter les reproches des professionnels qui voient là une marque d’immaturité supplémentaire, ou de perversité », commente Catherine Sellenet. D’ailleurs, combien d’enfants quittent-ils réellement leur famille d’accueil pour revenir chez leurs parents ? Nul ne le sait : la France ne tient pas de statistiques sur ce qu’elle pose pourtant comme un principe acquis, à savoir que tout placement implique un retour. « Séparer pour réunir serait-il un vœu pieux qui masquerait la violence de l’intervention ? », s’interroge l’experte.
Les hommes sont-ils des assistants familiaux comme les autres ? Au vu de la (relative) masculinisation du métier à laquelle on assiste, Claire Weil, responsable pédagogique de la formation initiale des assistants familiaux à l’Ecole supérieure du travail social (ETSUP/Espace enfance), et Anne Olivier, sociologue, ont cherché à le savoir. Ayant recensé, en 2009, 51 candidats (pour 381 candidates) au diplôme d’Etat d’assistant familial (DEAF) dans les régions Centre et Ile-de-France – alors qu’il n’y en avait eu aucun en 2008 –, les chercheurs ont voulu connaître les motivations de ces hommes. Agés de 55 ans en moyenne, ils se révèlent être tous les conjoints d’une assistante familiale. A la différence de la majorité de leurs épouses, ces assistants familiaux ont eu, auparavant, une autre vie professionnelle. Leur réorientation est due, pour certains, à une nécessité (chômage, maladie), pour d’autres à la lassitude d’exercer une activité qui leur paraissait peu porteuse de sens. C’est la nouvelle reconnaissance de cette profession par une formation qualifiante et diplômante qui a été pour tous l’élément déterminant de leur choix. « L’accès à un diplôme signifie pour eux, encore plus que pour les femmes, l’accès à un “vrai métier”, avec une responsabilité éducative au quotidien », soulignent les chercheuses. Du point de vue de pères d’accueil devenus assistants familiaux, c’est dans cette responsabilité que se situe la différence entre les deux statuts, estiment Claire Weil et Anne Olivier. Le père d’accueil, en effet, s’investit dans une fonction éducative à la mesure dont il s’en sent porteur et/ou que sa conjointe projette sur lui, mais ce n’est pas à lui qu’il revient d’exercer les droits et devoirs d’un acteur de premier plan.
Précisément, leur place au sein d’une équipe est d’emblée, pour les assistants familiaux, une évidence et un droit. Du coup, les intéressés n’évoquent pas de problèmes d’intégration, à la différence des assistantes familiales avec lesquelles ils suivent leur formation : ces dernières sont majoritaires à aborder la notion d’équipe sous l’angle de difficultés vécues personnellement. En outre, ceci contribuant sans doute à expliquer cela, les hommes n’ont pas peur d’être jugés par leurs collègues. A cet égard, il y a un véritable fossé entre les professionnels hommes et femmes, font observer Claire Weil et Anne Olivier, qui s’interrogent sur une possible intégration différenciée des premiers et des secondes par les services. Les trajectoires antérieures des assistants familiaux les ont peut-être également préparés à se sentir légitimes dans un travail d’équipe, avancent-elles.
La conception que les représentants des deux sexes ont de leur rôle dans ladite équipe varie beaucoup. Les deux tiers des candidates au DEAF se focalisent sur la communication des observations du quotidien. Accroître leur capacité à restituer ces informations constitue d’ailleurs une demande des femmes fréquemment formulée en formation. Les hommes, en revanche, n’ont pratiquement pas le souci de bien communiquer. Ils se représentent leur rôle de façon à la fois plus diversifiée et plus ancrée dans une dimension décisionnelle. Les assistants familiaux font aussi une description plus complexe et étayée que les assistantes familiales des différentes fonctions de l’équipe et ils font état d’attentes précises à son égard. Par exemple, « comprendre et obtenir des réponses sur les motivations des équipes éducative et judiciaire à placer un enfant en famille d’accueil plutôt qu’en foyer ».
Sur un plan personnel, enfin, « la formation amène tous les assistants familiaux à exprimer quelque chose qui a à voir avec une petite révolutionidentitaire », soulignent Claire Weil et Anne Olivier : ils se disent beaucoup plus ouverts qu’auparavant à une remise en question d’eux-mêmes et à l’expression de leurs émotions, ils questionnent leur position au sein de leur famille et revendiquent de se dégager des stéréotypes qui réservent la tendresse aux mères et l’autorité aux pères. La formation a eu pour effet de rendre ces professionnels « plus patients, moins exigeants, plus dans la communication, l’observation, l’écoute ». Ces métamorphoses échapperaient-elles aux responsables des services de placement ? Pour l’heure, en tout cas, aucun des hommes interrogés ne s’est vu confier de tout-petits. Tous accueillent des préadolescents ou adolescents, à l’exception d’un assistant familial et de sa conjointe, qui reçoivent de jeunes mères avec enfants.
C. H.
(1) Arrêté du 14 mars 2006 relatif au diplôme d’Etat d’assistant familial – Voir ASH n° 2481-2482 du 1-12-06, p. 23.
(2) Intitulées « Affaires de famille(s)? Enjeux institutionnels ? », ces journées ont eu lieu du 13 au 15 octobre dernier à Strasbourg – ANPF : 63 rue de Provence – 75009 Paris – Tél. 01 42 80 21 21.
(3) Voir sa contribution à l’ouvrage collectif coordonné par Claire Weil, Les assistants familiaux. De la formation à la professionnalisation – Ed. L’Harmattan, 2010.
(4) Selon les chiffres disponibles (2008) – DREES – Etudes et résultats n° 714 – Janvier 2010.
(5) En 2009, les dépenses nettes de l’ASE, au niveau national, représentaient près de 6 milliards d’euros, dont 80 % étaient consacrés au placement des enfants (familial et en établissement). Dans ce total dédié au placement, 41 % (1 milliard 900 millions) revenaient au placement familial, 59 % (2 milliards 900 millions) aux institutions – Lettre de l’ODAS – Juin 2010.
(6) Lors des XIXes journées d’étude de l’ANPF.