« Aller vite », tel est l’objectif du gouvernement en matière d’emploi des jeunes, qui peinent toujours autant, voire plus, à s’insérer dans le marché du travail (1). C’est ce qu’a indiqué le ministre du Travail et de l’Emploi, Xavier Bertrand, dans un entretien au Journal du dimanche du 3 décembre. Une ambition qui, a-t-il précisé, est partagée par les partenaires sociaux, qui ont « le souhait […] d’aboutir sur l’emploi des jeunes d’ici à la fin du premier trimestre 2011 ». Du reste, le ministre s’est engagé à « revoir les organisations syndicales et patronales avant la fin de l’année ». « Des propositions doivent émerger pour le début 2011, avec de nouveaux outils et des objectifs chiffrés », a-t-il déclaré.
Xavier Bertrand entend « développer davantage la formation en alternance » (contrats de professionnalisation et contrats d’apprentissage), qui concerne les régions mais aussi les partenaires sociaux. « Environ 7 % des jeunes suivent ce type de formation », qui « mènent à l’emploi durable pour une immense majorité d’entre eux », a fait valoir le ministre, qui voudrait « dépasser la barre des 10 %, ce qui correspond à plus de 800 000 jeunes en formation », contre environ 600 000 actuellement. Un objectif qu’il compte atteindre « à l’horizon 2015 », a précisé son entourage à l’AFP. Le mois dernier, le président de la République lui avait fait part de son souhait de doubler le nombre de jeunes en formation en alternance, sans toutefois fixer de calendrier (2).
Laissant aux partenaires sociaux le soin de régler entre eux la question des stages ou l’éventuelle mobilisation des fonds d’Action logement (ex-1 % logement), Xavier Bertrand considère qu’« il y a d’autres sujets à aborder » et que le « système d’alternance peut être amélioré sur plusieurs points ». Parmi les « nombreuses pistes de réflexion » que le ministre veut partager avec les organisations syndicales et patronales, figure le statut de l’apprenti, qui « doit être plus valorisant » et « donner accès à des droits similaires » à ceux accordés « aux étudiants de l’enseignement supérieur ». Par ailleurs, pour accroître le nombre de jeunes en alternance dans les entreprises, le ministre considère que « de meilleurs résultats » seront obtenus « si sanction et incitation vont de pair ». Le gouvernement réfléchit à une « modulation de la taxe d’apprentissage selon que les entreprises sont proches ou très éloignées du seuil de 3 % d’apprentis », seuil qui pourrait être porté « à 5 % » avec pour « contrepartie » l’instauration d’un « bonus financier », a précisé la ministre de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle dans un entretien au Figaro du 8 décembre. L’exécutif songe aussi « à conditionner certaines formes d’aides publiques […], par exemple au recrutement d’un certain nombre d’apprentis ».
Au-delà, Xavier Bertrand a précisé l’affectation des 500 millions d’euros provenant du « Grand emprunt » dont bénéficie l’apprentissage. Cette somme servira « à moderniser les centres de formation et à développer des solutions d’hébergement adaptées pour les jeunes en créant des pôles de référence ».
Les jeunes ne rencontrent pas seulement des difficultés pour trouver un emploi. Il est aussi compliqué pour eux de percevoir le RSA (3). Ainsi, seuls 3 400 jeunes âgés de 18 à 24 ans bénéficiaient fin novembre de cette prestation, dont le bénéfice a été élargi aux moins de 25 ans début septembre, selon Le Parisien/Aujourd’hui en France du 4 décembre, citant des chiffres de la caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Un résultat bien loin de l’objectif affiché par le gouvernement de verser annuellement un RSA à 15 000 jeunes âgés de moins de 25 ans, déjà revu singulièrement à la baisse par rapport aux prévisions initiales de l’Elysée, qui tablait sur 160 000 jeunes concernés à terme.
Le RSA « jeunes » est « loin de répondre aux attentes des jeunes », a estimé le président de la CNAF, Jean-Louis Deroussen, cité par le quotidien. Pour lui, « les conditions drastiques pour pouvoir y prétendre » expliquent son retard à l’allumage (4). « Plus de deux dossiers sur trois sont refusés. Nous l’avons dit et redit au gouvernement. »
Mi-octobre, le ministère des Solidarités actives contre la pauvreté avait indiqué à l’AFP que plus de 5 600 jeunes avaient déposé une demande de RSA, mais précisé qu’il était « trop tôt pour parler de dossiers traités, car ils sont plus longs à traiter que les demandes de RSA traditionnel puisque les services doivent vérifier que les jeunes ont bien deux ans d’activité ». Il « communiquera sur le RSA, avec tous les chiffres, fin décembre-début janvier », a simplement indiqué le 4 décembre une porte-parole, interrogée par l’AFP.
(1) Environ un jeune actif sur quatre est actuellement au chômage, selon l’INSEE.
(4) En plus des conditions de droit commun, le jeune doit avoir travaillé au moins deux ans à temps plein, soit 3 214 heures, dans les trois dernières années.