RÉTENTION SURRÉALISTE. « Hassan est arrivé en France à l’âge de 12 ans. A 15 ans, il a été placé à l’aide sociale à l’enfance. Toute sa famille réside en France, il ne connaît personne au Maroc. […] Lorsque j’arrive au centre, le matin de l’expulsion programmée d’Hassan, je le vois partir en ambulance. Il a avalé du shampoing et des boulons dans le but d’être hospitalisé et, ainsi, d’éviter l’embarquement. » Hassan sera reconduit au Maroc, en ferry.
En 2009, le ministère de l’Immigration a procédé à 29 000 expulsions, dépassant son objectif fixé à 27 000. Pour 2010, le chiffre de 28 000 devrait être atteint. Jusqu’au 1er janvier dernier, la Cimade était la seule association présente dans les centres de rétention répartis sur le territoire français. Ce sont ses intervenants qui racontent, dans les Chroniques de rétention, la stupeur, la peur de ceux dont la vie bascule en un instant et qui risquent l’expulsion, en avion ou en bateau, vers un pays dans lequel ils n’ont souvent plus aucune attache et où leur vie est parfois exposée. Mais les témoignages parlent aussi de leur souffrance à eux ; de leur travail entre quatre murs ; de leur impuissance à pouvoir accompagner juridiquement ces « retenus », alors que les autorités voudraient réduire leur rôle à une simple mission d’information des personnes en voie d’expulsion. De leurs doutes et questionnements, enfin… Quelles sont les actions utiles ? Faut-il continuer dans le domaine du droit ? Où trouver les ressources pour poursuivre la désobéissance civile ? Le recueil est imposant, mais les chroniques, surréalistes parfois, sont courtes et simplement écrites.