Des exemples de discrimination envers les personnes handicapées mentales, l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) en a à foison. Il y a ce jeune autiste qui s’écarte de ses parents au supermarché et se promène dans les rayons. Un vigile l’aperçoit, juge son comportement « bizarre » et le poursuit. Le jeune homme de 18 ans, apeuré, se met à courir, une équipe de police est appelée en renfort et le plaque au sol. L’Unapei rapporte les propos de ses parents, suite à cet incident : « Désormais, nous appréhendons les sorties en public. Peut-être faudrait-il qu’il porte un tee-shirt avec une inscription : “Je suis autiste mais inoffensif”. Cela n’arriverait pas si la société était sensibilisée au handicap mental. »
Il y a le cas de cette accompagnatrice à Laval, qui réserve une table dans un restaurant pour 12 personnes déficientes intellectuelles, et qui se voit répondre que « le chef n’accepte pas les personnes handicapées ». L’Adapei (Association départementale des amis et parents de personnes ayant un handicap mental) Mayenne a saisi la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), qui étudie actuellement le dossier.
Les associations membres de l’Unapei font régulièrement appel à la HALDE. 18,5 % des motifs de saisine de l’instance sont d’ailleurs liés au handicap ou à l’état de santé (1). Mais pour la première fois, l’Unapei a décidé de saisir elle-même l’instance sur une affaire se déroulant dans les Hauts-de-Seine : à Meudon, un riverain a saisi le tribunal administratif pour s’opposer à la construction d’un foyer prévu pour accueillir 30 personnes handicapées mentales de 40 ans et plus. « Depuis un an, tout est bloqué, même si nous avons obtenu le permis de construire. Un jour, ce voisin est venu me voir et m’a dit qu’il ne voulait pas d’un établissement pour personnes handicapées mentales à côté de chez lui, qu’elles seraient mieux ailleurs, dans la campagne », regrette Henry Bérenger, secrétaire général de l’APEI de Meudon. « En 2008, on dénombrait 15 000 personnes handicapées mentales vieillissantes sans solution adaptée d’accompagnement. Aujourd’hui, elles sont 20 000. Les projets de création de foyers comme celui de Meudon répondent à un vrai besoin, mais encore une fois, on se heurte à de la discrimination. Celle-ci est totalement banalisée, c’est intolérable », estime Christel Prado, présidente de l’Unapei. Elle a d’ailleurs exprimé son inquiétude quant à l’absorption de la HALDE par le défenseur des droits (2) : « La HALDE a permis à de nombreuses situations de se dénouer. Il faut garantir l’existence de son collège indépendant. »
(1) 41 % des jeunes handicapés âgés de 10 à 24 ans déclarent avoir subi au cours de leur vie une discrimination (en raison de leur état de santé ou de leur handicap), soit huit fois plus que les jeunes sans handicap, selon une étude publiée par l’INSEE en juillet dernier – Disponible sur