« En France, 50 000 personnes vivent avec le virus du sida sans le savoir. Faites-vous dépister. » C’est le slogan choc de la nouvelle campagne d’information et de communication lancée par Xavier Bertrand et Nora Berra deux jours avant la journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre. Objectif du ministre et de la secrétaire d’Etat chargés de la santé : relayer une des mesures phares du plan de lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles (IST) présenté par leur prédécesseur, Roselyne Bachelot, le 5 novembre dernier (1). Le plan encourage en effet au dépistage généralisé de la population, indépendamment d’une notion de risque d’exposition ou de contamination par le VIH. La campagne de communication mise en place par le ministère de la Santé et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé comporte également des dispositifs spécifiques à destination des populations homosexuelles et des personnes migrantes originaires d’Afrique sub-saharienne.
Comme chaque année, les dernières données épidémiologiques de l’infection à VIH/sida ont été rendues publiques (2). Environ 6 700 personnes ont découvert leur séropositivité en 2009, la majorité d’entre elles ayant été contaminées des années auparavant. Le nombre de découvertes est en légère augmentation par rapport à 2008 (6 400 personnes), alors qu’une tendance à la baisse était observée depuis 2004. Toutefois, nuance l’Institut national de veille sanitaire (INVS), l’augmentation des découvertes de séropositivité n’est observée que chez les hommes contaminés par des rapports sexuels entre hommes (2 500 découvertes en 2009). Le nombre de découvertes chez les personnes contaminées par rapports hétérosexuels est stable (environ 4 000) et reste faible parmi les usagers de drogues (autour de 80 par an). Par ailleurs, près de 7 000 personnes se sont contaminées en 2009, soit 17 contaminations pour 100 000 personnes, un nombre stable par rapport à l’année précédente. La quasi-totalité des contaminations survient dans le cadre d’une transmission par rapports sexuels, indique l’INVS.
Deux groupes de population sont toujours plus touchés par le VIH que les autres. Il s’agit, d’une part, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ils « déclarent fréquemment avoir été contaminés par des partenaires occasionnels ou anonymes ». Au sein de ce groupe de population, le nombre de découvertes chez les moins de 25 ans, qui a doublé en six ans, est préoccupant, alerte l’INVS. D’autre part, les personnes d’Afrique subsaharienne restent « une population très touchée mais dans laquelle le nombre de contaminations par le VIH diminue ».
Par ailleurs, environ 2 000 hommes ou femmes hétérosexuels français se sont contaminés en 2009. « Les femmes déclarent le plus souvent avoir été contaminées dans le cadre d’une relation stable alors que les hommes déclarent plus fréquemment une contamination avec des partenaires occasionnelles ou anonymes », selon les données de l’INVS. Ils ont été 1 300 à découvrir leur séropositivité en 2009. Malgré la diffusion limitée du VIH dans cette population, l’augmentation des IST ces dernières années « incite à rester vigilant ».
Enfin, malgré un nombre de dépistages toujours très élevé (80 tests pour 1 000 habitants), la moitié des personnes découvrent leur séropositivité à un stade où le déficit immunitaire est déjà important et nécessite la mise sous traitement antirétroviral. Le dépistage tardif concerne surtout les hommes contaminés par rapport hétérosexuel, quel que soit leur pays de naissance, qui « attendent souvent de présenter des signes évocateurs de la maladie pour se faire dépister ».
(2) Voir aussi le numéro thématique : l’infection à VIH/sida en France en 2009 – BEH n° 45-46 – Disponible sur