C’est un immense container rouge, posé devant un lieu de passage. C’est un support d’exposition original, sur lequel sont placardés des images et des textes : des portraits de SDF et de ceux qui œuvrent pour les aider à sortir de la rue. C’est le « Container contre l’exclusion », créé par l’agence Le Fil rouge de l’image, dans le cadre de l’année européenne 2010 de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Les mêmes questions ont été posées à chaque sans-abri : quel est votre parcours, que pensez-vous des dispositifs existants ? de quoi auriez-vous besoin ? Le travail, la manche, la vie en foyer, la rue… ils témoignent sans tabou. Stéphane, qui a longtemps vécu en structure d’urgence, raconte : « Mon parcours, je ne le souhaite à personne, mais personne n’est à l’abri. Je ne voulais pas aller en foyer et je suis resté quatre ans dans la rue. J’ai rencontré des bénévoles, mais ils posaient toujours les mêmes questions : “Qu’est-ce qui t’es arrivé ?” C’était pire que le psychologue. J’avais juste besoin qu’on me montre la sortie, pas qu’on me ramène en arrière avec toujours le même discours »… Coordinatrice en centre d’accueil, de soin et d’orientation à Médecins du monde, Malika est de celles qui ont su l’aider : « Mon rôle ? Je suis là pour aider, éclairer et déverrouiller des situations paraissant a priori bloquées. Les qualités pour occuper ce poste ? L’écoute, l’accueil, le regard sur des situations. Les problématiques peuvent se ressembler mais l’histoire de vie change. »
Le Fil rouge de l’image a pour habitude d’exposer des installations itinérantes dans des lieux originaux. En 2003, dans le hall de la gare de l’Est, à Paris, ce fut une exposition de photographies géantes sur l’action des bénévoles de cinq associations de solidarité. Et en 2006, dans un centre commercial, une présentation grand format sur les violences faites aux femmes. Ici, sur le container présenté devant deux gares parisiennes, en plus du montage photo, les créateurs graphiques ont encastré deux téléviseurs permettant de visionner l’installation vidéo « Etat des lieux, états d’urgence/Expressions des exclusions », soit 26 minutes consacrées aux projets culturels menés par une vingtaine de structures du secteur social (Armée du salut, Emmaüs, Aurore, etc.).