« Nous avons obtenu la loi contre les violences faites aux femmes et intrafamiliales à l’arraché, et nous restons inquiets sur son application », affirme Suzy Rojtman, l’une des porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes, qui a annoncé, le 24 novembre, à la veille de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, la création d’un Comité de vigilance pour l’application de la loi du 9 juillet 2010 (voir ce numéro, page 43). Le collectif appelait, en outre, à un rassemblement, le 25 novembre, devant le ministère des Finances pour demander des moyens pour l’ensemble des associations de défense des droits des femmes.
Le comité (composé notamment d’associations, de magistrats, de syndicats et d’élus) veillera au suivi de la mise en œuvre de l’ordonnance de protection, applicable depuis le 1er octobre, émettra des préconisations pour améliorer la loi – « notamment concernant la prévention et le harcèlement sexuel au travail » – mais aussi alertera et informera les femmes et les professionnels concernés (magistrats, avocats, policiers et gendarmes, préfets, travailleurs sociaux…). « On sait que des textes peuvent rester lettre morte et que certaines mesures sont difficiles à appliquer, argumente Suzy Rojtman. Or notre objectif est que les femmes en danger bénéficient de réponses rapides pour les aider à sortir de leur situation. » Et de se demander si les deux rapports prévus pour la fin d’année – l’un sur la formation des professionnels, l’autre sur les ressortissantes algériennes – ont été mis en chantier…
Parmi les autres projets : la rédaction d’un « livre blanc » et la mise en place d’une campagne de sensibilisation auprès du grand public, « quand les moyens le permettront ». Les membres du comité de vigilance déplorent d’ailleurs que pendant l’année 2010, au cours de laquelle la lutte contre les violences faites aux femmes a été déclarée « grande cause nationale », « on n’ait rien proposé d’autre que des spots télé ». Ils regrettent encore davantage l’absence, au sein du nouveau gouvernement, d’un ministère des Droits des femmes.
Certaines violences, le viol et les agressions sexuelles, mobilisent plus particulièrement plusieurs organisations. Le Collectif féministe contre le viol, Mix-Cité et Osez le féminisme ! ont lancé, le 24 novembre, une campagne nationale destinée à « libérer la parole des femmes victimes de viol et d’agressions sexuelles pour qu’elles ne se sentent plus coupables, ni obligées de taire ce qu’elles ont subi ». « Le viol est une marque que les relations femmes-hommes restent profondément inégalitaires dans notre société », estiment les trois associations, dont le mot d’ordre est « Viol, la honte doit changer de camp ! ». La campagne de sensibilisation permettra de mettre en avant l’ampleur du phénomène : chaque année, en France, 75 000 femmes sont violées, une femme sur dix a été violée ou le sera au cours de sa vie… et seulement 2 % des violeurs sont condamnés. Une pétition en ligne (1) propose la mise en place de mesures pour faire reculer ces crimes, parmi lesquelles l’éducation à la sexualité et aux relations entre filles et garçons, dès le plus jeune âge et à tous les âges.
(1)