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ERS : les critiques toujours aussi vives malgré des pistes d’aménagement

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Les récents incidents survenus dans des établissements de réinsertion scolaire (ERS) n’ont pas surpris ceux qui avaient vu dans ce nouveau dispositif les ingrédients d’un échec annoncé. Avant même l’ouverture de ces structures destinées aux élèves de 13 à 16 ans « perturbateurs » ayant fait l’objet de multiples exclusions, plusieurs syndicats représentant les enseignants, les assistants sociaux scolaires et les éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) avaient, en effet, dénoncé plusieurs travers : une mise en place dans la précipitation pour ré­pondre à une commande du chef de l’Etat sur la sécurité à l’école, une logique de mise à l’écart d’élèves en difficulté, qui plus est regroupés et avec peu de professionnels qualifiés (1). Le tout dans un contexte où les professionnels de la prévention et du soin manquent de moyens.

Comme souvent, il a fallu attendre que des dysfonctionnements soient mis au jour pour que le gouvernement veuille corriger le tir. Après le renvoi d’élèves fraîchement arrivés de Seine-Saint-Denis des ERS de Craon (Mayenne) et de Portbail (Manche) à la suite de violences et d’agressions, Luc Chatel a en effet annoncé des aménagements (voir ce numéro, page7). Ses propositions : créer un programme pédagogique de sport, recourir aux travaux d’intérêt général et renforcer l’encadrement, notamment avec la PJJ et les équipes mobiles de sécurité, voire des retraités de la police et de la gendarmerie.

Ces pistes, qui ne remettent pas en cause les fondements du dispositif, sont loin d’avoir convaincu. « Ces orientations ne font que renforcer un système d’exclusion et de sanction, le ministre ne tire aucun enseignement de ce qui s’est produit », déplore Maria Inès, co-secrétaire nationale du SNPES (Syndicat national des personnels de l’éducation et du social)-PJJ-FSU. De plus, il est à craindre « que l’on identifie la fonction des personnels de la PJJ à de la contention ». De même, Valérie Robinet, secrétaire générale du Snasen (Syndicat national des assistants sociaux de l’éducation nationale)-UNSA, regrette qu’à l’issue de la réunion de Luc Chatel avec les responsables des 11 ERS, « rien n’ait été dit sur l’éducatif ». Le SNUASFP (Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique)-FSU juge aussi que les solutions proposées risquent d’être contre-productives. « Elles ne visent pas à améliorer la prise en charge, commente Samuel Delepine, son secrétaire national. Au lieu de renforcer le travail de prévention et d’accompagnement par des personnels qualifiés et formés, on continue à exclure le jeune de son environnement, sans l’aider à mieux vivre dans son milieu scolaire et familial. » Sans compter que l’évocation des travaux d’intérêt général ne fait qu’accentuer le caractère ambigu du dispositif, qui ne relève pas d’un placement dans le cadre pénal.

« Mise à l’écart ? »

« Je ne suis pas opposée aux internats scolaires, à condition qu’ils soient des espaces de transition qui ne soient pas vus comme une mise à l’écart et une mesure disciplinaire », abonde la psychosociologue Joëlle Bordet, qui a notamment travaillé sur la coopération entre l’institution scolaire et la prévention spécialisée (2). Selon elle, le fondement même du dispositif est tronqué, « car il met en scène les stéréotypes, avec derrière une philosophie hygiéniste dont on sait qu’elle ne fonctionne pas ».

Alors que l’Etat table sur 20 établissements de réinsertion scolaire cette année, certains, comme le SNUAS et l’UNSA Education, demandent de surseoir à leur ouverture. Le ministre, lui, s’appuyant sur le cas d’un pensionnaire de l’établissement de Saint-Dalmas-de-Tende (Alpes-Maritimes) qui a pu réintégrer son collège d’origine, demande du « temps pour obtenir des résultats ». L’objectif reste de réinsérer les élèves dans le système scolaire grâce à un accompagnement personnalisé, affirme-t-il. Le gouvernement indique ­proposer ainsi une alternative à l’exclusion scolaire, entre les classes-relais et le placement judiciaire. Un argument qui résonne aussi comme un aveu de la faiblesse des moyens mis en place au sein du système éducatif pour accompagner les élèves en difficulté scolaire et sociale.

Notes

(1) Voir ASH n° 2676 du 1-10-10, p. 24 et dans ce numéro la rubrique « Vos idées », p. 25.

(2) Voir ASH n° 2552 du 4-04-08, p. 29.

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