Le « Baromètre 2010 des banques alimentaires » réalisé par l’institut CSA (1) tord une nouvelle fois le cou aux idées reçues : l’aide alimentaire ne s’adresse pas uniquement aux grands exclus. 97 % des 750 000 bénéficiaires ont un logement fixe et 26 % d’entre eux perçoivent un revenu, qu’ils soient salariés (15 %) ou retraités (11 %). Reste qu’il s’agit de foyers à revenus très modestes – ils touchent en moyenne moins de 1 000 € nets par mois – pour qui l’aide alimentaire (environ 10 kg d’aliments par mois et par personne) représente une aide budgétaire en nature « indispensable, efficace et étendue ».
En moyenne, l’accès à la banque alimentaire est accordé par les services sociaux pour une durée de six mois, mais la plupart des foyers sont contraints d’y revenir : un tiers de ceux aidés en 2010 y ont déjà eu recours par le passé. Alors que la répartition par sexe et par âge n’a pas fondamentalement changé depuis le premier baromètre (68 % sont des femmes et une majorité ont de 26 à 50 ans), celle relative à la situation familiale a évolué : en 2006, 25 % des personnes ayant recours à l’aide alimentaire étaient seules avec enfants ; en 2008 et 2010, cette proportion est passée respectivement à 52 %, puis à 53 %. 72 % des bénéficiaires sont divorcés, séparés, veufs ou célibataires : « Le mariage ou le concubinage protégerait donc de la précarité », suggère Alain Seugé, président de la Fédération française des banques alimentaires.
La situation d’isolement pourrait expliquer le besoin ressenti par 49 % des personnes accueillies dans les associations d’un accompagnement en complément de l’aide alimentaire. « L’aide alimentaire va au-delà du colis de nourriture, c’est une porte d’entrée à la relation aux autres et à la reconstruction de soi », analyse Alain Seugé, en insistant sur le volet qualitatif de l’étude. La quasi-totalité des structures expliquent qu’elle se fixent comme objectif de contribuer à aider leurs bénéficiaires à prendre le chemin d’une réinsertion sociale. Au cœur de leur travail, le dialogue, à travers une multitude de dispositifs complémentaires : ateliers cuisine, formations, coin cafétéria, épicerie sociale…
(1) Consultation réalisée auprès de 1771 personnes accueillies dans 150 associations et centres communaux d’action sociale partenaires de banques alimentaires ainsi qu’auprès de 20 responsables d’associations – Disponible sur