Sorties de l’ombre grâce à l’opiniâtreté d’organisations féministes, les violences conjugales sont ici l’objet d’un faisceau de contributions de chercheur(e)s en sciences humaines, de juristes et de professionnel(le)s de la relation d’aide. Coordonnées par Ginette Francequin, maître de conférences en psychologie clinique et sociale, ces différentes approches aident à penser l’émergence des phénomènes de violence, la façon de tenter de les prévenir ou, du moins, d’endiguer leur réitération, et comment aider les femmes et les enfants qui en sont victimes à se reconstruire. Pour sortir de l’emprise exercée par les auteurs de violences, les femmes ont à la fois besoin d’un soutien individuel de type ISAP (intervention sociale d’aide à la personne) et d’espaces-temps collectifs de type ISIC (intervention sociale d’intérêt collectif), estime Nicole Blaise, directrice du Relais de Sénart (Seine-et-Marne), un centre d’hébergement et de réinsertion sociale. C’est aussi ce double accompagnement que préconisent – « autant que possible » – Brigitte Bouquet et Didier Dubasque, qui ont rédigé pour le Conseil supérieur du travail social un rapport sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Loin d’être marginal dans la pratique des travailleurs sociaux, l’accueil des femmes victimes de violences fait complètement partie de leur quotidien, soulignent les deux experts. Aussi déplorent-ils l’absence de module sur cette question dans la formation initiale des professionnels du social. Compte tenu du cadre légal, qui ne permet pas de restreindre les droits parentaux dans un contexte de violences conjugales – seules les violences directement perpétrées sur les enfants peuvent justifier cette restriction, précise la sociologue Elisa Herman –, il est également indispensable de développer la formation des juges aux affaires familiales ainsi que celle des médiateurs familiaux, font respectivement valoir Isabelle Steyer, avocate, et Maïté Débats, éducatrice spécialisée.
Tu me fais peur quand tu cries ! Sortir des violences conjugales – Sous la direction de Ginette Francequin – Ed. érès – 25 €