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La disparition de France Domicile, symptomatique de la crise du secteur

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L’entreprise de commande en ligne de services à la personne France Domicile (1) met la clé sous la porte. Elle a été placée en liquidation judiciaire le mois dernier par le tribunal de commerce de Paris. Créée en 2005 par la Mutualité française, l’UNA (Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles) et l’Unccas (Union nationale des centres communaux d’action sociale), elle a toujours été déficitaire. En 2008, des actionnaires privés, comme la Macif, la Matmut et le Crédit coopératif, sont entrés dans le capital de l’entreprise (à hauteur d’environ un tiers des parts). Pour autant, l’enseigne nationale de services à la personne a dû se séparer de la moitié de son personnel en juin 2009 (2). Elle a été placée au début de l’année en redressement judiciaire et huit salariés viennent d’être licenciés.

Pour Emmanuel Verny, directeur général de l’UNA, qui a investi plus d’un million d’euros dans France Domicile, ce sont avant tout la conjoncture économique et les financements insuffisants de l’Etat qui ont provoqué la chute de l’enseigne, intermédiaire entre les producteurs de services et les ménages. « Les entreprises ne se sont pas vraiment saisies du chèque emploi service universel du plan Borloo de 2005, qui n’a pas été perçu comme un avantage social au même titre que les chèques vacances, analyse-t-il. Le gouvernement a créé une bulle des services à la personne, qui a éclaté avec la crise économique. Lorsqu’il décide de soutenir un secteur, il doit y investir davantage. » Et de citer le budget, trop faible selon lui, de l’Agence nationale des services à la personne, qui atteint une vingtaine de millions d’euros par an. Enfin, « trop d’enseignes se sont lancées sur le marché et la crise a écarté le surplus », ajoute-t-il, pour expliquer l’échec de France Domicile.

« Nous avons misé sur Internet, mais le développement du réseau a été trop lent. Les personnes qui font appel à des services à domicile n’ont pas l’habitude de passer par le Net. Pour eux, cela reste un service de proximité, comme l’épicerie du coin, procuré par des associations ou des entreprises locales », explique quant à lui Francis Contis, responsable du conseil de surveillance de France Domicile. Un des salariés licenciés, Renaud Desvignes, ex-directeur des finances et du développement de l’enseigne, ne partage pas cette analyse et appuie son argumentation sur une récente étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), qui indique que 29 % des Français sont prêts à acheter en ligne des services à domicile (3).

Il exprime une « grosse déception » et estime qu’il aurait fallu davantage de temps pour permettre au modèle de France Domicile de s’installer et d’« organiser une complémentarité entre les associations productrices de services et le site ». Une durée plus longue, qui nécessitait des investissements supplémentaires : « Les actionnaires historiques ont apporté les moyens qu’ils pouvaient, mais les actionnaires privés n’ont pas pris le relais au niveau du financement », regrette Renaud Desvignes. Contactés par les ASH, la Macif, la Matmut et le Crédit coopératif n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.

Notes

(1) Qui proposait des services destinés aux personnes isolées, fragilisées ou dépendantes et à leurs proches, mais aussi liés à l’entretien de la maison ou aux enfants.

(2) Voir ASH n° 2615 du 26-06-09 p. 13.

(3) Portant sur « les Français et la vente à distance », cette étude est disponible sur le site de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance : www.fevad.com.

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