Les représentants du « Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement » sont ressortis déçus, le 10 novembre, de leur entrevue avec François Fillon, en présence de Jean-Louis Borloo, alors encore ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, et de Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au logement. Quelques jours avant le remaniement ministériel, les associations avaient symboliquement installé des tentes sur le pont des Arts, à Paris, et interpellé la tête de l’exécutif « afin que le chantier du mal-logement soit remis au rang des priorités » (1). Plutôt qu’un nouvel élan, le Premier ministre a annoncé « l’envoi d’une nouvelle circulaire aux préfets afin de leur rappeler le caractère prioritaire de la stratégie nationale en faveur de l’hébergement et de l’accès au logement », selon un communiqué de Matignon, qui se félicite « des progrès accomplis ces derniers mois ».
Les associations ont également reçu la promesse de crédits supplémentaires : 63 millions d’euros en 2010 pour l’hébergement, 9,3 millions d’euros pour l’aide alimentaire et 8 millions d’euros pour les pensions de famille en 2011. Si ces crédits sont nécessaires, estiment-elles, le gouvernement n’a pas opéré la rupture attendue. « On reste dans le schéma classique de rallonges parce que l’on n’a pas de quoi finir l’année, explique Matthieu Angotti, directeur général adjoint de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale). Il n’y a pas de changement dans la manière de faire, d’ailleurs rien n’a été annoncé pour 2011 sur l’hébergement. Nous aurions voulu un signal fort, montrant une volonté de fixer des objectifs prioritaires, pluriannuels et interministériels. »
Sur le front du logement, les associations dénoncent la diminution du financement du logement social. Elles souhaiteraient notamment un nouveau plan de cohésion sociale afin d’atteindre les objectifs de la loi sur le droit au logement opposable. Dans son dernier rapport, la Fondation Abbé-Pierre préconisait un objectif sur cinq ans de 150 000 logements « vraiment sociaux » (excluant les logements intermédiaires) par an. « Avec 120 000 logements sociaux financés au cours de l’année 2009 et au moins autant en 2010, soit trois fois plus qu’en 2000, l’effort consenti est le plus important depuis 30 ans », a, de son côté, rétorqué Matignon.
Les associations pourraient prévoir de nouvelles actions. « Nous n’avons pas le sentiment que ce chantier soit prioritaire, estime Matthieu Angotti. Si l’on peut se satisfaire que le terme de “cohésion sociale” réapparaisse dans l’intitulé d’un ministère, nous attendons que des moyens soient donnés à cette politique. » La Fondation Abbé-Pierre vient pour sa part de lancer une campagne audiovisuelle, « carton rouge au mal-logement », afin de sensibiliser l’opinion publique.