PERSONNES HANDICAPÉES : « LE DISPOSITIF PASSMO PERMET DE TRAVERSER LA CRISE »

En quoi consiste le Passmo ?

Initiée en 2009 par l’Etat, l’Agefiph (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées) et l’APAJH (Fédération des associations pour adultes et jeunes handicapés), cette expérimentation s’organise autour d’un triptyque : une personne handicapée, un ESAT et une entreprise. Elle est conduite dans quatre régions – Bretagne, Ile-de-France, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes – et auprès de 500 ESAT accueillant 36 000 personnes handicapées. Le dispositif cible les travailleurs handicapés ayant la volonté et la capacité de tenter l’expérience d’un emploi en milieu ordinaire et dont l’entourage est d’accord pour qu’ils quittent l’ESAT. Pour chaque « contrat Passmo » signé, l’employeur bénéficie, durant trois ans, d’une aide de l’Agefiph pour rémunérer son salarié handicapé (9 000 € par an) ainsi que d’une aide au tutorat financée par l’Etat (2 100 € par an). Ce tutorat, exercé par les professionnels de l’ESAT, rassure les employeurs car une personne handicapée manque souvent d’autonomie, travaille lentement et a besoin d’être encadrée.

L’expérience a-t-elle séduit les personnes handicapées et les employeurs ?

Pas suffisamment. Des fonds importants ont été provisionnés – près de 21 millions d’euros – et tout ne sera pas dépensé. Nous nous sommes sans doute fixé des objectifs trop ambitieux, soit 650 travailleurs sortis d’ESAT en trois ans. Il n’en reste pas moins que, pour les quatre régions concernées, le taux d’embauche est relativement stable, avec 90 contrats validés ou en cours, depuis le début de l’action. Il s’agit à 92 % de contrats à durée indéterminée, dans l’entretien des espaces verts, le commerce et l’industrie, la restauration collective… Le Passmo a donc permis, et permet toujours, de traverser la crise économique. Notons aussi que s’il a été lancé en mai 2009, l’expérimentation n’a débuté qu’en début d’année. Je pense également que sa durée de trois ans est trop courte. Nous avions demandé au gouvernement une période de cinq ans pour que le dispositif monte en charge…

Quelles améliorations apporter ?

Alors que nous visions d’abord les petites et moyennes entreprises, nous allons à présent sensibiliser les missions « Handicap » des grands groupes. Je rencontre également le Medef la semaine prochaine et poursuis les réunions d’information auprès de nos partenaires dans chaque région. 41 % des contrats signés l’ont été en Rhône-Alpes. Ce qui n’est pas étonnant puisque cette région a une longue tradition d’insertion mais aussi parce que l’origine du dispositif se situe dans l’Isère. En effet, en 2000, trois associations (3) avaient lancé dans le département l’opération EPMO (Emploi protégé en milieu ordinaire) sur le même principe et obtenu la signature de 36 contrats en entreprise ordinaire en trois ans.

Quelles leçons en tirez-vous pour le dispositif Passmo ?

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, il n’y a pas eu d’effet d’aubaine pour les entreprises : sept ans après la fin de l’expérience, 71 % des personnes handicapées employées dans le cadre de l’EPMO sont maintenues dans leur emploi. Cela prouve qu’une fois les postes bien adaptés, ce sont des travailleurs sérieux, peu absents et efficaces. Il est certain qu’il en sera de même avec le Passmo. Notre objectif est que, fin 2011, celui-ci soit validé, évalué et qu’il puisse ensuite être développé sur l’ensemble du territoire.