« Je vais te tuer au chalumeau, au nom du père, du fils et du Saint-Esprit. » C’est par ces paroles, brutales, que commence le documentaire de Laetitia Moreau. Elles sont rapportées par le président du tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, qui juge M.B. pour avoir frappé sa femme. Des coups et des menaces de trop, qui ont amené Mme B. à quitter son mari. Lequel a été envoyé en centre d’hébergement, en attendant le procès.
A partir de cette scène, la réalisatrice remonte toute la « spirale de la violence », telle que la décrit une assistante de service social de l’association marseillaise SOS Femmes. Une spirale entrecoupée de périodes d’explosion de la violence, puis de « lunes de miel », où l’homme jure que « plus jamais » il ne lèvera la main sur son épouse et où à chaque fois elle reprend espoir que « c’était la dernière ». Une spirale qui ne peut s’achever que par un drame, ou par la décision de la personne battue d’aller chercher de l’aide.
Assistants sociaux et éducateurs spécialisés de SOS Femmes reçoivent chaque année près de 780 demandes d’hébergement. Ils ont la lourde tâche de retenir cinq familles qui occuperont, dans la cité phocéenne, les appartements mis à disposition des femmes battues afin qu’elles puissent fuir le domicile conjugal. L’une d’entre elles, Christine, assommée par les violences verbales et physiques subies à répétition, a fait une tentative de suicide, avant de se décider à quitter son mari : « Il fallait avoir touché le fond pour mieux rebondir », confie-t-elle devant la caméra. Elisabeth, Sarah et Sandrine ont également franchi le pas, pour protéger leurs enfants avant même de se préserver. Au terme d’une lente série de portraits croisés, on retrouve M.B. Une heure avant le procès, son épouse décide de retirer sa plainte, pour ne pas l’accabler…