Qu’est-ce que la photographie sociale ? « Une photographie militante dont l’objet est de témoigner en faveur des victimes et de contribuer à la résolution des problèmes », répond Michel Christolhomme (1) dans le glossaire d’un petit livre unique, La photographie sociale. Pour aborder cette démarche particulière, l’auteur a choisi 64 ? photographes. Pour chacun, une photo pleine page fait face à une biographie. Le sujet traité par le cliché est également développé, pour rappeler le conflit, le scandale, la situation inacceptable. Publié dans la collection « Photo poche » des éditions Actes Sud, le livre se veut une « approche » de la photographie sociale plus qu’une anthologie, qui nécessiterait un format plus grand. C’est une introduction précieuse, qui se lit comme un magazine, rappelant des drames oubliés et comment, peu à peu, ils ont émergé dans l’opinion, entre autres par le biais des reportages sociaux.
Déjà, au début du XXe siècle, l’Américain Jacob A. Riis avait, par ses images de la misère à New York, provoqué un changement dans les consciences de ses concitoyens et contribué à la naissance d’une politique du logement et de la scolarisation de sa ville. Ce n’était qu’un début. Seront ensuite dénoncés la pénibilité des conditions de travail dans les mines galloises, par WilliamEugene Smith, l’exclusion des Gitans, par Josef Koudelka, la guerre du Vietnam, par Don McCullin, ou encore le tourisme sexuel en Thaïlande, par Patrick Zachmann. Au-delà des sujets traités, c’est un style qui définit la photographie sociale, étrangement dominée par le noir et blanc et qui fait la part belle aux corps, le plus souvent prostrés, allongés, passifs face à l’objectif.
(1) Directeur photo de l’association Pour que l’esprit vive, Michel Christolhomme s’est occupé pendant vingt ans de la recherche de fonds pour Les petits frères des pauvres. Il est aussi président de l’association Les frères du ciel et de la terre, qui lutte contre la solitude et l’isolement.