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« AU 3919, LES VICTIMES, HOMMES OU FEMMES, REÇOIVENT LA MÊME ÉCOUTE »

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Christine Clamens, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) (1), réagit aux propos tenus dans nos colonnes par la présidente de l’association SOS Hommes battus, Sylvianne Spitzer (2). Celle-ci critiquait l’accueil réservé aux hommes par le 3919, numéro national d’écoute pour les violences conjugales, mis en place par la FNSF.

« La plateforme nationale d’écoute-information-orientation pour les violences conjugales a été mise en place en 1992 par la Fédération nationale solidarité femmes avec des moyens attribués à l’époque par le secrétariat d’Etat aux droits des femmes. Depuis 1992, les pouvoirs publics ont soutenu sans faille ce dispositif, nommé jusqu’en mars 2007 “Violences conjugales-femmes info service”. En 2007, ils ont renouvelé leur confiance dans le travail effectué par les écoutantes professionnelles de cette plateforme dont la réponse s’inscrit dans les actions menées par l’ensemble du réseau national de la FNSF, soit 66 associations qui accueillent, accompagnent et hébergent sur le territoire français les femmes victimes de violences conjugales. En effet, en 2007 et en 2008, des moyens supplémentaires nous ont été alloués pour que notre plateforme dispose d’un numéro d’appel court donc facilement mémorisable, à tarif “azur” (2007) puis “vert” (depuis 2008), le 3919. La plateforme a, dans le même temps, changé de nom pour devenir “Violences conjugales info” (VCI).

En 2009, sur les 33 556 appels traités par le 3919-Violences conjugales info, 12 923 situations concernaient des femmes victimes de leur partenaire ou ex-partenaire homme et 335 situations concernaient des hommes victimes de leur partenaire ou ex-partenaire femme. Ces chiffres sont le reflet de la réalité enregistrée depuis 1992 par notre plateforme téléphonique et, par ailleurs, par toutes les études un tant soit peu sérieuses en France et dans le monde sur le phénomène des violences conjugales, qui sont exercées massivement par des hommes sur leur partenaire et qui s’inscrivent dans le caractère très inégalitaire de notre société encore aujourd’hui. La violence exercée à l’égard des hommes ne participe pas du même phénomène, ce qui explique une bien moindre ampleur.

Il n’en reste pas moins que toute violence est inadmissible et qu’il n’y a pas plus à banaliser la violence s’exerçant d’une femme sur un homme que celle s’exerçant des hommes sur les femmes. C’est la raison pour laquelle, les écoutantes du 3919-Violences conjugales info écoutent et ont toujours écouté les hommes victimes des violences de leur partenaire. Les hommes reçoivent les mêmes conseils, notamment en ce qui concerne l’activation de la loi (qui est la même pour tous) et ils sont orientés selon les situations vers des associations partenaires susceptibles de leur donner des conseils juridiques et de leur apporter du soutien. Dans tous les cas, la même écoute empathique visant à formuler les premiers conseils et à orienter au mieux est fournie aux hommes victimes. Les hommes auteurs, il y a en aussi, sont orientés très vite vers des associations spécialisées lorsqu’il y en a une à proximité. Des hommes se présentent comme des victimes mais l’entretien permet de déceler, souvent rapidement, des auteurs de violences. Ces hommes peuvent se révéler très agressifs au téléphone vis-à-vis de l’écoutante qui a pris l’appel et entraîner de la part de celle-ci une clôture de l’appel qui s’effectue suivant un protocole précis. Notons qu’en ce qui concerne les hommes auteurs de violences, la FNSF porte une réflexion sur le sujet depuis près de dix ans, participe à des comités de pilotage ou aux actions de structures qui interviennent auprès d’eux.

Voilà pourquoi nous considérons que les propos tenus par Madame Spitzer, qui ont provoqué beaucoup de remous au sein de notre réseau, sont diffamatoires et dommageables à une profession (les écoutantes) et à un réseau de professionnelles et de militantes qui agissent quotidiennement aux côtés de plus de 30 000 femmes. D’autant plus qu’ils sont concomitants d’une campagne de communication contre les violences faites aux femmes voulue par 25 réseaux associatifs et par l’Etat, et renvoyant au numéro 3919. »

Notes

(1) www.solidaritefemmes.org.

(2) Voir ASH n° 2681 du 5-11-10, p. 32.

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