Etes-vous satisfaits de la réactivation des comités de liaison à Pôle emploi ?
Plus ou moins. Rappelons que les comités d’usagers existaient du temps de l’Agence nationale pour l’emploi. Composés d’associations de chômeurs et de syndicats, ces structures de concertation instaurées dans chaque agence locale n’ont pas marché correctement et ont disparu pour la plupart. Après un travail de longue haleine avec Pôle emploi, elles ont pu être relancées en début d’année (1), avec des thèmes élargis. Les comités de liaison sont présents dans chaque département et le comité national s’est déjà réuni à deux reprises, la première fois en juin et la seconde le 3 novembre dernier. Mais la « nouvelle formule » ne fonctionne pas bien. En effet, l’objectif est d’améliorer le service public de l’emploi. Or nous avons exposé un grand nombre de problèmes à Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi, qui n’a pas apporté de réponses. Ni sur le manque de formation des personnels, ni sur l’accueil inhumanisé, ni sur les opérations de contrôle et de radiation que nous souhaiterions voir transférées à d’autres services. Pire, deux jours plus tard, il a annoncé la suppression de 1 800 postes sur les 49 000 que compte l’organisme d’ici à la fin 2011…
Vous ne vous y attendiez pas ?
Nous nous doutions, au sein du MNCP, que Pôle emploi serait mis au même régime sec que la fonction publique, mais nous aurions aimé en discuter le 3 novembre avec le directeur général (2). Il s’agit d’environ 1 500 contrats à durée déterminée qui ne seront pas renouvelés et de 300 postes en contrat à durée indéterminée supprimés (départs à la retraite non remplacés). On se demande à quoi a servi le plan de création de postes à Pôle emploi. Un référent pour 100 à 200 demandeurs d’emploi, c’est déjà insensé ; qu’en sera-t-il à présent ? Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’emploi, a présenté fièrement, il y a 15 jours, les résultats d’une enquête de satisfaction (3). Il en ressort que 66 % des demandeurs d’emploi sont satisfaits des services offerts par Pôle emploi. Cela représente tout de même 34 % d’insatisfaits, ce qui est énorme pour un service public ! Tout cela nous a menés à soutenir, avec les autres organisations de chômeurs et précaires – AC !, APEIS et CGT-Privés d’emploi –, le mouvement de grève des personnels de Pôle emploi, qui manifestaient, le 9 novembre, contre ces suppressions de postes et la dégradation de conditions de travail déjà difficiles.
Laurent Wauquiez a affirmé devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale que certains agents seraient redéployés…
C’est son seul argument. Le recouvrement des cotisations chômage sera transféré aux Urssaf à partir du 1er janvier 2011. Les agents qui étaient affectés à ces tâches viendront renforcer les effectifs. Mais cela ne représente que 1 300 postes. Outre qu’il manque encore 500 personnes pour compenser les suppressions d’emplois, il s’agira d’agents qu’il va falloir former. Cela prend du temps. Nous répétons sans arrêt qu’il faut augmenter les effectifs, d’autant qu’il semble évident que le nombre de chômeurs va encore s’accroître dans les mois prochains. Nous ne sommes pas censés revoir Christian Charpy avant avril 2011, mais nous comptons bien, avant cela, obtenir des réponses rapides de ses services. Il faut que les comités de liaison servent à quelque chose…
(2) Celui-ci a indiqué à l’AFP que ces supressions de poste, « inscrites dans le projet de loi de finances 2011 », n’auront pas lieu de manière « brutale ».