En France, le nombre de personnes atteintes par le VIH a été évalué à environ 144 000 à la fin 2008, dont 31 000 étaient malades du sida. Parmi elles, 6 940 personnes étaient nouvellement contaminées cette année-là et de 40 000 à 50 000 étaient infectées sans le savoir. C’est ce qu’indique le nouveau plan national de lutte contre le sida, rendu public le 5 novembre par la ministre de la Santé (1). Parmi les objectifs de ce plan, qui couvre la période 2010-2014 : réduire de 50 % en cinq ans le nombre de nouveaux cas d’infection par le VIH et de sida ainsi que la proportion de personnes découvrant leur séropositivité au « stade sida », faire baisser de 20 % la mortalité liée à cette maladie, mais aussi réduire le nombre de personnes touchées par les autres infections sexuellement transmissibles (IST).
Le plan, qui doit être déployé par les agences régionales de santé, intègre une « approche populationnelle », c’est-à-dire « qu’il prévoit des stratégies et des actions spécifiques à l’égard des publics les plus exposés et les plus vulnérables par rapport au risque de transmission du VIH et des IST », tels que les personnes homosexuelles ou transsexuelles, les migrants et les étrangers, les personnes détenues (2), les usagers de drogues, les personnes prostituées… Le gouvernement a aussi élaboré un plan en direction des populations des départements d’outre-mer « qui dispose notamment d’un axe spécifique relatif à la coopération régionale avec les autres pays de la zone Caraïbes ou de l’Océan indien ».
Hors soins médicaux, le coût du plan est évalué à près de 954 millions d’euros (554 millions pris en charge par l’Etat et 400 millions par l’assurance maladie).
Le plan s’organise autour de cinq axes stratégiques : « prévention, information, éducation pour la santé » ; « dépistage » ; « prise en charge médicale » ; « prise en charge sociale et lutte contre les discriminations » ; « recherche et observation ». En matière de prévention, tout d’abord, le gouvernement entend continuer à promouvoir l’utilisation du préservatif, en élargissant les sites de distribution et les points de vente et, s’agissant plus spécifiquement du préservatif féminin, en diminuant son coût. Néanmoins, pour la première fois, le plan s’appuie aussi sur la stratégie de prévention dite « combinée », qui associe les méthodes de prévention comportementale (port de préservatifs, en particulier), l’élargissement des indications traditionnelles du dépistage et le traitement antirétroviral précoce dans un but de réduction de la transmission du VIH. Autre mesure prévue par le plan : la mise en place d’actions de prévention adaptées aux différents publics et, notamment, aux jeunes, aux femmes et aux personnes handicapées. S’agissant de ces dernières, reconnaît le ministère, « la circulaire de 1996 sur la prévention du VIH-sida dans les établissements et services accueillant les personnes handicapées mentales […] nécessite d’être mise à jour pour mieux traiter de l’accès aux dépistages, aux vaccinations, au suivi gynécologique et aux soins des adolescents et adultes, quelle que soit la nature du handicap, et de la problématique des relations socio-sexuelles (vie de couple dans le contexte des établissements ou logements sociaux) ». Les jeunes pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse devraient en outre bénéficier d’actions d’éducation à la vie affective et sexuelle, à la contraception et à la prévention du VIH-sida.
Par ailleurs, le plan encourage le dépistage généralisé de la population. Les médecins généralistes seront ainsi incités à proposer un dépistage à toute personne venant en consultation, indépendamment d’une notion de risque d’exposition ou de contamination par le VIH. Le gouvernement entend également développer une offre de dépistage dit « communautaire », réalisé par des non-professionnels de santé, afin d’atteindre « des populations qui ne veulent ou ne peuvent pas se rendre dans le dispositif “classique” » de dépistage. Ce dispositif, porté par les associations, reposera notamment sur l’utilisation de tests de dépistage rapide auprès des hommes homosexuels, de certaines populations de migrants, des personnes se livrant à la prostitution ou des usagers de drogues. Autre mesure annoncée : la réorganisation des centres de dépistage anonyme et gratuit et des centres d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles. Il s’agit « de prendre en charge de manière globale et unifiée le dépistage du VIH et des IST et d’assurer les traitements de premier recours pour ces dernières », explique le ministère de la Santé. Ce dernier souhaite également expérimenter des centres de santé sexuelle, qui constitueront « une offre globale pour la santé sexuelle regroupant les problématiques du VIH et des IST, celles de la fertilité et de l’éducation à la sexualité ».
Le plan gouvernemental s’attaque également aux difficultés sociales que rencontrent les personnes atteintes du VIH. Il comporte ainsi toute une batterie de mesures censées améliorer leurs conditions de vie, qu’il s’agisse de l’accès à l’hébergement ou au logement, via notamment l’augmentation de la capacité de prise en charge en appartements de coordination thérapeutique, à l’emploi, par le développement des relations entre médecins traitants, médecins-conseils et médecins du travail et l’information du secteur de l’insertion par l’activité économique, ou aux soins, en particulier par la lutte contre les refus de soins. Des actions qui doivent bénéficier plus largement aux personnes atteintes d’autres maladies chroniques, précise le document.
(1) L’intégralité du plan est disponible sur
(2) Pour la population carcérale, les actions prévues par le gouvernement ont été intégrées dans un plan spécifique présenté le 28 octobre dernier – Voir ASH n° 2681 du 5-11-10, p. 15.