« Je ne suis pas une clocharde, je dors dans plusieurs endroits », affirme No. Pourtant, c’est à la gare d’Austerlitz, à Paris, que Lou Bertignac (Nina Rodriguez) fait la connaissance de No (Julie-Marie Parmentier), qui lui demande « une petite pièce ». No, 19 ans, a été élevée dans des foyers jusqu’à sa majorité. Depuis, elle se débrouille… et s’abîme : alcool, cigarettes, médicaments et passes occasionnelles. Lou, quant à elle, est une enfant précoce – à 13 ans, elle est en classe de seconde – qui n’arrive pas à s’intégrer. C’est peut-être pour cela qu’elle s’accroche à la jeune exclue comme à une bouée. Sauver quelqu’un, c’est se sauver soi-même, dit-on : Lou aide No à s’en sortir, au point qu’elle la cannibalise. Cette dernière devient sa confidente, celle avec qui Lou passe le plus clair de son temps, elle qui a tant de mal à dialoguer avec sa mère dépressive (Zabou Breitman, également réalisatrice du film). Même si No se méfie de tout et de tout le monde, elle accepte cette amitié exclusive, et s’installe durant l’hiver dans l’appartement de la famille Bertignac. Un temps, elle retrouve le sourire, l’envie de prendre soin d’elle, et même un emploi de femme de chambre dans un hôtel. Mais on ne sort pas si facilement de la précarité, et l’ombre de la rue et de ses dangers pèse toujours sur elle. Un jour, No disparaît ; l’autre, elle réapparaît… quitte à blesser les gens qui lui ont tendu la main.
Pour adapter le roman de Delphine de Vigan No et moi (Ed. Jean-Claude Lattès, 2007), Zabou Breitman a sollicité des éducateurs travaillant auprès des SDF afin que les dialogues et les situations sonnent le plus juste possible. De même, certains figurants sont d’authentiques sans-abri. Quand le film sortira en DVD, il sera complété d’un court documentaire sur l’APASO, le seul lieu d’accueil d’urgence pour les femmes de 18 à 25 ans. Il a fermé le 30 juin, faute de budget.