Orphelins dans l’ombre

Alors que l’allongement de la vie polarise l’attention générale, Florence F. Valet braque, elle, le projecteur sur les enfants qui n’auront pas la chance de voir vieillir leurs deux parents : leur père ou, plus exceptionnellement leur mère, décédera avant qu’ils aient fêté leur 21^e anniversaire. Combien sont-ils, au juste, ces jeunes orphelins ? Impossible de le savoir précisément, faute d’enquête sociodémographique récente à leur sujet. Les seules données disponibles sont d’ordre évaluatif. On les doit à deux chercheurs de l’Institut national des études démographiques (INED) qui, en 2003, estimèrent à environ 500 000 le nombre d’orphelins de moins de 21 ans, ce qui représente 3 % de cette tranche d’âge. Pour être, heureusement, très minoritaire, cet effectif d’un demi-million est cependant loin d’être marginal. Pourquoi, alors, un tel désintérêt collectif – qui n’est d’ailleurs pas propre à la France ? Florence F.Valet, documentaliste, apporte différents éléments de réponse à cet effacement des orphelins du paysage contemporain. Elle propose également une riche moisson d’informations sur les caractéristiques de ces enfants endeuillés, les connaissances relatives à leur devenir et la compréhension du concept de mort selon les âges. Près de huit fois sur dix, le parent veuf avec lequel ces jeunes vivent est leur mère, qui appartient majoritairement aux catégories modestes (ouvriers-employés) et se remet très rarement en couple. Sortant aussi de l’ombre ces veuves et veufs précoces, qui sont noyés avec leurs enfants dans la masse des familles monoparentales, l’auteure pointe la spécificité de leurs difficultés.