« Quelque chose en toi ne tourne pas rond… », chante le groupe Téléphone. Cet air hante la jeune Camille. Depuis l’an 2000, elle va mal. Elle alterne périodes d’épuisement et phases d’exaltation. Et pense souvent au suicide. Jusqu’à passer à l’acte après avoir raté ses examens. Ce ne sera que la première d’une série de tentatives. Pendant près de dix ans, Camille partage sa vie entre les centres spécialisés pour jeunes suicidants, les cliniques, les foyers « pour personnes en souffrance », les hôpitaux psychiatriques… et les retours à domicile. C’est bouleversant. Et davantage encore quand on comprend, au fil des pages, que le Journal d’une bipolaire est le récit autobiographique, chronologique et méthodique de l’auteure, Emilie Guillon, jeune femme en proie à des troubles maniaco-dépressifs. La bande dessinée, aux traits noirs et blancs montrant des visages simplifiés sur lesquels on perçoit précisément les émotions changeantes de Camille, aborde son long et douloureux parcours face à la maladie. Chaque case dresse un fait, présenté parfois un peu brutalement au lecteur, sans explication. Et pour cause : la dépression tient le premier plan.
Critiques, culpabilisation, rejet, découragement… l’entourage de Camille n’est pas toujours d’un grand soutien face à ses symptômes. Il lui faudra déployer toutes ses forces – mais aussi des médicaments et une thérapie – pour qu’elle parvienne peu à peu, entre euphories passagères et rechutes brutales, à retrouver une vie de jeune femme « normale ».
Un récit en images qui « souligne l’importance d’un diagnostic précoce et l’élaboration d’un projet thérapeutique impliquant le patient, sa famille et l’équipe médicale », écrit Christian Gay, psychiatre, dans la postface de l’ouvrage.