Franck naît en 1968 à Boulogne-sur-Mer, mais, bien vite, il est confié à une famille d’accueil, à Gravelines. C’est là que la narratrice, des années après, vient parcourir la promenade des Islandais, glisser ses pas dans ceux de Franck. C’est de là qu’elle lui écrit ce livre. Elle l’a rencontré à Paris. Il vivait dans un squat à Jourdain et faisait la manche gare du Nord, après avoir été placé à 16 ans en foyer. Elle est tombée amoureuse. Il a été arrêté pour vol en réunion avec violence, et envoyé à 19 ans au centre des jeunes détenus de Fleury-Mérogis. Trois mois de parloirs. A peine sorti, Franck replonge et repart en détention, à Loos, puis à Béthune. La narratrice retourne dans les lieux qu’il a foulés, les villes qu’il a arpentées, sac sur l’épaule. Elle observe ce que sont devenus ces cafés et ces halls de gare, les traces qu’ils ont gardées de lui. Quinze ans derrière les barreaux. Comment dire le manque ? C’est en creux qu’Anne Savelli, dans son troisième livre Franck, fixe l’absence.
Le phrasé est bousculé, les termes soigneusement choisis, et le rythme ciselé. L’écriture se fait sonore, et visuelle. Le livre paraît aux éditions Stock, dans la nouvelle collection « La Forêt » dirigée par l’écrivaine Brigitte Giraud, et qui se destine aux textes « dont la démarche d’écriture, la voix et le travail sur la langue font preuve d’un engagement fort et singulier ». Un texte exigeant, pourrait-on ajouter à propos de Franck.