« Des avancées majeures » en matière de prévention et de dépistage, ainsi que dans la prise en charge médicale et le traitement prodigué, mais « une mise en cohérence [de l’ensemble] qui reste à construire et à rendre lisible ». Révisé, le projet de plan national 2010-2014 de lutte contre le VIH/sida et les autres infections sexuellement transmissibles (1) trouve davantage grâce aux yeux du Conseil national du sida (CNS) qu’en juin dernier (2), sans toutefois emporter son adhésion.
Ainsi, dans un avis rendu le 18 octobre, l’instance se félicite de la prise en compte par le ministère de la Santé de plusieurs de ses recommandations émises il y a quatre mois, notamment celle relative à la politique de dépistage du VIH en France. Mais elle ne s’en contente pas. En particulier, pour le conseil, l’articulation entre prévention, dépistage et prise en charge médicale demeure « peu lisible, sinon introuvable », dans le plan. Alors que faire converger les approches dans une « vision stratégique globale » est une priorité.
S’agissant spécifiquement de la prévention, le CNS juge « hésitante » la stratégie en la matière, qui devrait faire la part belle au « concept de prévention combinée ». Et ainsi ne plus reposer sur la promotion exclusive du préservatif, alors que toute une palette d’autres réponses préventives peuvent être mobilisées. En l’état actuel des choses, les mesures en direction de la population en générale n’apportent globalement « pas d’innovation particulière, estime le conseil, en demeurant dans la stricte continuité du modèle ancien […] et sans situer la place du dépistage dans la démarche préventive ». Le manque de cohérence d’ensemble se retrouve pour les actions à destination de certains publics ciblés (homosexuelles, bisexuel(le)s, etc.). Pour eux, la prévention combinée demeure « vague en termes de contenus » et « plusieurs éléments relèvent de la déclaration d’intention, en l’absence d’actions identifiables susceptibles de contribuer à leur réalisation ».
En matière de dépistage, l’instance estime que la mise en place d’une proposition systématique de test, à l’initiative des professionnels de santé de premier recours, à toute la population française de 15 à 70 ans constitue « une avancée majeure », mais elle souligne aussi que la mise en œuvre de cette mesure risque d’être « limitée par une programmation et des moyens insuffisants ».
Du reste, et d’une manière plus générale, le conseil regrette que le document qui lui a été remis « ne comporte aucune indication budgétaire ». Difficile pour lui, dans ces conditions, de porter un jugement sur les moyens mis sur la table pour mener à bien les différentes actions programmées.
Par ailleurs, tout en notant l’attention particulière accordée dans le plan aux migrants, aux personnes détenues, aux usagers de drogue et aux personnes prostituées, le conseil souligne que « des impératifs d’ordre régaliens, auxquels le gouvernement accorde aujourd’hui la priorité, entravent directement » la réalisation des actions menées en direction de ces populations particulièrement vulnérables et exposées aux risques d’infection au VIH. En cause, « l’absence de concertation réelle entre le ministère de la Santé et les ministères régaliens » sur les politiques actuelles de lutte contre le séjour irrégulier, l’usage des produits stupéfiants et le racolage, le CNS allant même jusqu’à dénoncer des « contradictions flagrantes » entre « les objectifs de santé publique développés dans le plan et les politiques publiques de sécurité et de maîtrise des flux migratoires qui s’appliquent à certaines populations ciblées ».
(1) Disponible sur