Le père de Frédéric Chaudier est mort en 2003 après dix mois passés en soins palliatifs. Le jeune homme, réalisateur, a eu beaucoup de mal à faire son deuil. Régulièrement, il est retourné à la maison médicale Jeanne-Garnier, à Paris. Plus que tout, il a apprécié l’écoute et « l’amour de l’autre » des soignants de cette unité où la plupart des patients viennent terminer leur vie. Rosa, François, Brahim et les autres sont médecins, aides-soignants, infirmiers, kinésithérapeutes. Frédéric Chaudier a décidé de filmer l’humanité avec laquelle ils accompagnent et soulagent les derniers jours des malades. Il en ressort un documentaire sur la fin de l’existence – « la fin des haricots », comme dit une patiente. Le réalisateur a su se faire oublier pour montrer le quotidien des soignants et les nombreuses difficultés qu’ils rencontrent : annoncer le décès aux familles, faire face aux demandes d’euthanasie, dormir tranquille (l’une des aides-soignantes raconte comment elle rêve, la nuit, de patients qui viennent lui dire au revoir…). Même pour ces professionnels, il n’est jamais simple de voir des gens mourir les uns après les autres –? à Jeanne-Garnier, on dénombre un décès par jour. Alors on vit pour l’instant présent, pas pour le lendemain. Dans Les yeux ouverts, coproduit par le ministère de la Santé, Frédéric Chaudier raconte aussi l’autre pan de l’histoire, celui de ces personnes dont la mort est toute proche, et qui ont encore des choses à transmettre.
L’association Jalmalv (Jusqu’à la mort, accompagner la vie) Paris-Ile-de-France, a souhaité, quant à elle, sensibiliser à l’accompagnement en soins palliatifs à travers une grande exposition photographique itinérante. « Il est toujours temps… » réunit cinquante clichés en noir et blanc choisis parmi les œuvres de six photographes de renom : Jean-Louis Courtinat, Eric Dexheimer, André Diop, Didier Goupy, Pierre Michaud et Anne Thomès. Chacun montre de quelle façon, en France, dans les unités de soins palliatifs comme dans les accompagnements à domicile, les soignants prennent en charge la douleur, sont à l’écoute de la souffrance morale et travaillent dans la dignité, jusqu’aux derniers jours. Des images de sensibilisation à ces soins qui visent davantage le soulagement que la guérison, où l’on retrouve tantôt des visages ridés, tantôt des enfants malades : une palette de regards émouvants.